Au lieu de bondir à 2,25 $ l'an prochain comme le prévoient des économistes, le prix de l'essence pourrait être ramené entre 1 $ et 1,10 $ le litre d'ici deux ans, selon un économiste du Mouvement Desjardins.

Au lieu de bondir à 2,25 $ l'an prochain comme le prévoient des économistes, le prix de l'essence pourrait être ramené entre 1 $ et 1,10 $ le litre d'ici deux ans, selon un économiste du Mouvement Desjardins.

Il ne s'agirait que d'un répit toutefois. Par la suite, le prix du carburant - tout comme celui du baril de pétrole - reprendrait son ascension à un rythme qu'il est difficile de prévoir.

«Le prix de l'essence pourrait encore monter un peu à court terme. Ce niveau de prix n'est toutefois pas justifié par la situation économique mondiale et celle du marché du pétrole. Il y a beaucoup de spéculation», a affirmé, mercredi, au Soleil, l'économiste Mathieu D'Anjou.

Il ne serait pas surpris qu'on assiste avant longtemps à un recul important du prix de l'or noir. L'économiste est d'avis que le prix du baril de brut pourrait être ramené à 85 $ d'ici deux ans alors qu'il dépassait, mercredi, 126 $.

La hausse du prix du brut - et non les taxes - est la principale raison de l'augmentation du prix de l'essence ces derniers mois.

«La montée en flèche du prix du brut commence à ressembler à une bulle spéculative alors que les développements défavorables à une hausse des cours pétroliers semblent complètement ignorés par les investisseurs. Le prix du baril (West Texas Intermediate) dépasse maintenant d'environ 30 % sa tendance à long terme, un signe qu'une correction pourrait survenir à tout moment», écrivait récemment M. D'Anjou.

«Les spéculateurs peuvent avoir un impact important sur les prix du pétrole à court terme, mais celui-ci n'est habituellement pas durable, Il serait donc surprenant que les cours pétroliers continuent de s'éloigner longtemps de leur valeur d'équilibre», avait-il ajouté.

Selon M. D'Anjou, les spéculateurs souhaitent que le prix du brut augmente davantage en faisant ressortir les risques d'une pénurie de pétrole. Dans les pires scénarios, on n'écarte pas la possibilité de voir le prix du baril atteindre 150 $.

Il avance que la hausse du prix du pétrole des derniers mois est un non-sens économique dans la conjoncture actuelle.

«Voir les prix du pétrole augmenter en même temps que l'on anticipe une augmentation de la production de brut et une demande affaiblie par le ralentissement de l'économie américaine défie les lois économiques», a-t-il soutenu.

D'autre part, il estime qu'une hausse appréciable de la valeur du dollar américain à partir du troisième trimestre de 2008 poussera le prix du brut à la baisse.

Confiance

Par ailleurs, le niveau de confiance des Québécois évalué à tous les mois par le Conference Board n'a pas diminué en raison du prix élevé de l'essence.

C'est le contraire de la crise de confiance provoquée par la forte hausse du prix de l'essence causée par les ouragans Katrina et Rita dans le golfe du Mexique en 2005. Le prix du litre d'essence avait alors atteint un record de 1,47 $ à Québec.

«Cet indice de confiance a diminué depuis quelques mois en raison des risques d'une récession aux États-Unis et de possibles effets au Québec. Le prix de l'essence n'a pas joué», a expliqué l'économiste Joëlle Noreau du Mouvement Desjardins.

D'autre part, la consommation de carburant était en légère baisse au Québec en 2005 et en 2006 malgré une augmentation du nombre de véhicules. «Les gens sont plus nombreux à acheter des plus petites voitures qui consomment moins d'essence», a dit Mme Noreau.

La part des ventes de voitures sous-compactes et compactes est passée de 34 % à 51% entre 2000 et 2008.