Les marchés se préparent à l'arrivée d'un nouveau président. Et les regards se portent plus particulièrement sur Barack Obama qui détient au pire six, au mieux 15 points d'avance sur le républicain John McCain dans la course à la présidence des États-Unis. Mais attention, même avec un président plus à gauche, les analystes s'entendent pour dire que l'impact sera limité sur Wall Street.

Les marchés se préparent à l'arrivée d'un nouveau président. Et les regards se portent plus particulièrement sur Barack Obama qui détient au pire six, au mieux 15 points d'avance sur le républicain John McCain dans la course à la présidence des États-Unis. Mais attention, même avec un président plus à gauche, les analystes s'entendent pour dire que l'impact sera limité sur Wall Street.

On ne déboulonnera pas de mythes aujourd'hui. À l'évidence, le marché préfère les Républicains. Et pour cause. Une victoire de ceux-ci fait augmenter la moyenne de la valeur des actions de la Bourse d'environ 2%, selon une étude du National bureau of economic research (NBER).

«Traditionnellement, les Bourses préfèrent les Républicains, car ils prônent le libre-marché», confirme Pierre Lapointe, économiste à la Financière Banque Nationale.

Mais selon les spécialistes, l'impact de Barack Obama sur les actions de la Bourse serait limité. Tout de même, certains secteurs pourraient en profiter et d'autres... en pâtir.

Le militaire... en baisse

Dans la catégorie à fuir, il y a au premier rang les titres du secteur militaire. Barack Obama incarne une image pacifique, à mille lieux de son prédécesseur. Et le marché pourrait donc en tenir compte. «On évite les titres d'armement. Tout ce qui est militaire, c'est plutôt risqué en ce moment», indique Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuilles chez Cote 100.

D'ailleurs, lorsque Bill Clinton est arrivé en poste en 1993, les dépenses et les investissements dans le secteur militaire avaient dramatiquement chuté.

À l'inverse, certains titres pourraient capitaliser sur une victoire d'Obama. Le quotidien allemand de droite, Die Welt, s'est plié au jeu et a nommé quelques actions qui seraient tirées vers le haut avec la victoire du sénateur de l'Illinois.

Les titres des énergies alternatives seraient de grands gagnants. Obama a d'ailleurs promis d'investir 150 G$ dans les technologies favorables à l'environnement.

Selon Die Welt, les actions de Florida Power and Light – le plus grand exploitant de parcs éoliens américains – et le Chicago Climate Exchange seraient à privilégier. General Electric serait aussi choyée. Rappelons que l'entreprise est le plus grand fabricant mondial d'éoliennes.

Francis Généreux, économiste au Mouvement Desjardins est en accord avec cette perspective.

«Les énergies vertes pourraient être avantagées tout comme les firmes de recherche et de développement. En fait, les entreprises qui mettent de l'avant des technologies qui permettent d'amoindrir l'impact du pétrole sont à considérer», dit-il.

Les titres de la santé

M. Généreux est moins sûr de l'impact des titres de la santé. Avec les perspectives d'un système de santé universel – longtemps prôné par Hillary Clinton, possible colistière – certains titres pourraient toutefois prendre du mieux.

«Les entreprises d'assurance santé, celles qui fabriquent des équipements médicaux pourraient être de bons choix», dit-il.

À l'heure actuelle, 47 millions d'Américains n'ont aucune assurance-maladie.

Est-ce qu'un titre comme Jean Coutu pourrait profiter de la conjoncture, elle qui détient 32 % de Rite Aid, troisième chaîne de pharmacies aux États-Unis ? Rien de moins sûr, selon les spécialistes.

«Je leur souhaite, c'est certain. Mais on ne peut pas y voir un lien direct», assure Marc L'Écuyer. Jean Coutu a toujours justifié ses participations aux États-Unis en affirmant que l'aventure serait profitable lorsqu'un gouvernement démocrate prendrait place à la Maison blanche.

Toujours selon M. L'Écuyer, les titres de services publics et de firmes d'ingénierie peuvent aussi devenir intéressants avec M. Obama dans le siège du président.

La seule nébuleuse est la marge de manoeuvre du futur gouvernement américain. Avec le bourbier irakien, la crise du «subprime» et le plan de réductions fiscales de George W. Bush, il ne reste pas grand-chose dans le trésor américain.

De plus, l'économie américaine roule au ralentit, dixit le secrétaire d'État américain au trésor, Henry Paulson.

«Il n'aura peut-être pas l'argent nécessaire pour lancer les réformes qu'il souhaite», souligne Francis Généreux.

En bref, bien des inconnues pour les investisseurs. Avec comme dernière énigme, le nom du prochain président américain.