Les mois de décembre 2003 et 2007 resteront longtemps gravés dans la mémoire du Baieriverain Régis Carrier et quelques-uns de ses collègues. À quatre ans d'intervalle, ces ex-travailleurs de l'usine Port-Alfred revivent le même cauchemar avec l'annonce faite jeudi dernier par AbitibiBowater de la fermeture définitive de l'usine Belgo située à Shawinigan.

Les mois de décembre 2003 et 2007 resteront longtemps gravés dans la mémoire du Baieriverain Régis Carrier et quelques-uns de ses collègues. À quatre ans d'intervalle, ces ex-travailleurs de l'usine Port-Alfred revivent le même cauchemar avec l'annonce faite jeudi dernier par AbitibiBowater de la fermeture définitive de l'usine Belgo située à Shawinigan.

Rejoint hier après-midi juste avant son entrée au travail sur le quart de soir, M. Carrier n'était pas homme à ramasser à la petite cuillère, mais il a mentionné que la nouvelle a été reçue comme un coup de massue. "Le moral dans l'usine n'est pas bon. Les gars le prennent mal. On a vécu ça il y a quatre ans. Ça me fait penser à ce qui s'est passé à Port-Alfred. C'est quand même différent parce que nous avions subi d'abord une fermeture temporaire. Là, le gérant de l'usine l'a su en même temps que tout le monde."

Âgé de 47 ans, M. Carrier croyait bien pouvoir travailler à l'usine Belgo jusqu'à 57 ans pour une prise de retraite paisible. "C'est plate pour moi. Lorsque j'ai transféré à Shawinigan après être retourné faire un DEP en pâtes et papiers, je pensais que ce serait réglé. J'avais conservé mon fonds de pension et mes vacances. Là, je vais devoir travailler au moins jusqu'à 60 ans."

Malgré son transfert à Saint-Jérôme puis à Shawinigan, M. Carrier est demeuré un Baieriverain puisqu'il a conservé son domicile au Saguenay où y réside sa famille. Son épouse, Annie Rossignol, apprécie aujourd'hui la sagesse de la décision prise par le couple. "On avait songé déménager dans la région de Trois-Rivières. Imaginez ce qu'on vivrait aujourd'hui si on avait une maison là-bas, éloignés de toute notre famille. Ça fait trois ans qu'il voyage à Saint-Jérôme et Shawinigan; il ne se plaint jamais de la route à parcourir."

Lorsqu'il parle de son avenir, M. Carrier le voit peut-être justement dans des routes à sillonner. "Je ne dis pas que je ne tenterai pas de me trouver quelque chose dans les usines de papier, mais je pense mettre une croix là-dessus. Toutes les usines qui restent ouvertes perdent du monde. Je songe à suivre une formation pour me réorienter dans le camionnage. Après trois usines, je vais essayer autre chose."

En attendant que les quatre machines à papier cessent de tourner, M. Carrier ne peut qu'attendre, tout comme ses collègues, que plus d'informations soient fournies par l'entreprise concernant les indemnités à toucher. Régis Carrier a indiqué que le régime de retraite de Belgo est calqué sur celui de l'usine Port-Alfred, de sorte que les pleines prestations de retraite ne peuvent être versées avant 65 ans, un litige toujours présent devant la cour. o

"Le moral dans l'usine n'est pas bon. Les gars le prennent mal. On a vécu ça il y a quatre ans. Ça me fait penser à ce qui s'est passé à Port-Alfred." -Régis Carrier