Victimes depuis le début de la semaine de la crise financière à Wall Street, les bourses de la planète ont fortement rebondi vendredi, encouragées par l'annonce du méga plan de sauvetage préparé par le gouvernement américain en faveur du secteur bancaire.

Victimes depuis le début de la semaine de la crise financière à Wall Street, les bourses de la planète ont fortement rebondi vendredi, encouragées par l'annonce du méga plan de sauvetage préparé par le gouvernement américain en faveur du secteur bancaire.

À New York, l'embellie observée la veille s'est poursuivie, l'indice Dow Jones des valeurs industrielles gagnant 368,75 points (+3,35%) à 11 388,44 points, soit environ un gain de 780 points en deux jours. L'indice Nasdaq des valeurs technologiques progressait de son côté 74,80 points (+3,40%) à 2273,90 points.

Un vent d'euphorie a également soufflé sur les bourses européennes, qui à l'instar de Wall Street avaient plongé cette semaine après l'annonce de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers. À Paris, le CAC-40 a clôturé sur une hausse historique de 9,27% à 4.324 points. À Londres, le FTSE-100 bondissait de 8,7% tandis qu'à Francfort le DAX progressait de 5%.

À Dublin, la bourse irlandaise a connu l'envolée la plus vertigineuse de son histoire, avec une augmentation de 25% lors de la première heure de cotation. À Vienne, l'indice ATX gagnait plus de 11% dans l'après-midi tandis que Madrid affichait +7,2%, Oslo +7,5% et Bruxelles +8,9%. Les titres bancaires ont participé au rebond sur le Vieux Continent, les cours de la Commerzbank et de la Deutsche Bank gagnant par exemple 22,7% et près de 19,5% à Francfort.

Après deux jours de suspension, les marchés russes ont quant à eux connu une reprise chaotique: leurs cotations ont dû être interrompues deux fois en raison de hausses trop brusques, qui ont mis à mal le système informatique. Cela n'a pas empêché l'indice RTS de grimper de 22,7% et le MICEX de 31,4%. Leurs cotations avaient été suspendues mercredi et jeudi après que le MICEX eu subi des pertes d'une ampleur inégalée depuis la crise financière qui avait frappé la Russie en 1998.

La journée de vendredi a également vu le redressement des bourses asiatiques, qui avaient plongé la veille. À Hong Kong, l'indice Hang Seng a gagné 9,6% tandis que Tokyo affichait +3,8% et que Shanghaï progressait de 9,5%, la plus forte hausse de son histoire.

Les marchés mondiaux ont été galvanisés par l'annonce d'un plan de sauvetage du secteur bancaire préparé par le gouvernement américain. Ce plan, qui vise à racheter les actifs douteux des banques, pourrait coûter au contribuable américain des «centaines de milliards» de dollars, a expliqué le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson. Il doit «être assez important pour faire une vraie différence et aller au coeur du problème», a-t-il plaidé.

M. Paulson n'a pas fourni plus de précisions, indiquant qu'il travaillerait ce week-end avec les dirigeants républicains et démocrates du Congrès sur ce dispositif d'intervention, sans précédent depuis la Grande Dépression qui avait suivi la krach de la bourse de New York en 1929.

Le département du Trésor et la Réserve fédérale ont également annoncé vendredi des mesures pour garantir les actifs des fonds mutuels aux États-Unis. Le président Bush a autorisé le secrétaire au Trésor à puiser jusqu'à 50 milliards de dollars (35,1 milliards d'euros) dans le Fonds d'échange et de stabilisation -mis en place en 1934 après la Grande Dépression- afin de garantir la solvabilité des fonds mutuels.

La SEC (Securities and Exchange Commission), gendarme de la bourse américaine, a de son côté agi de concert avec l'Autorité britannique des services financiers pour interdire les ventes à découvert dans les sociétés financières. L'objectif de cette mesure est de protéger l'intégrité des marchés d'actions et d'améliorer la confiance des investisseurs.

Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) est intervenue vendredi avec son homologue suisse et anglaise pour injecter de nouvelles liquidités sur les marchés monétaires: au total 90 milliards de dollars (62 milliards d'euros).

Le gouvernement américain prend des mesures «sans précédent» pour faire face à la crise financière et stabiliser les marchés, a souligné George W. Bush à la Maison-Blanche. Il a affirmé que l'intervention de son gouvernement était non seulement justifiée mais «essentielle» pour enrayer la pire crise financière dans le pays depuis des décennies. «Nous devons agir maintenant pour protéger la santé de notre pays d'un risque grave», a-t-il expliqué.

«Des quantités importantes de dollars du contribuable sont en jeu», a reconnu le président américain. Mais, «nous nous attendons au final à ce que cet argent soit remboursé». C'est la troisième fois que M. Bush s'exprimait cette semaine pour tenter de rassurer les Américains et les marchés.