General Motors Canada a annoncé lundi qu'elle cessera de financer la location de ses véhicules et qu'elle misera plutôt sur la vente, et ce dès vendredi.

General Motors Canada a annoncé lundi qu'elle cessera de financer la location de ses véhicules et qu'elle misera plutôt sur la vente, et ce dès vendredi.

Cette décision s'expliquerait par la chute de valeur de véhicules loués et les difficultés que rencontre GM quand vient le temps de vendre ses gros véhicules usagés, a noté le directeur général de Marcel Bélanger Pontiac Buick GMC d'Orléans, Luc Bélanger, qui a précisé que la location n'était pas abandonnée, mais qu'elle se ferait au taux d'intérêt offert par les banques et non plus à "zéro pour cent".

Christian Navarre, spécialiste de l'automobile à l'Université d'Ottawa, croit que cette sortie de la location est provoquée par la chute des valeurs résiduelles, qui s'écrasent dans le cas des gros véhicules énergivores et que, pour pallier ces pertes, les mensualités devaient augmenter.

"(Pour attirer les clients), des constructeurs ont subventionné les valeurs résiduelles", a-t-il expliqué à La Presse.

Pour garder ses clients, GM financera à de meilleurs taux la vente de véhicule, espérant que le consommateur canadien - qui favorise à 45 % la location, comparativement à 18 % pour l'Américain, selon Dennis DesRosiers, de DesRosiers Automotive Consultants - changera de mentalité et privilégiera l'achat.

"Le financement ira maintenant à l'achat, a indiqué M. Bélanger. Ainsi, dans environ 95 % des cas, un achat sur 72 mois donnera un même paiement mensuel qu'une location de 48 mois. Il va y avoir un ajustement. La location sera moins offerte, parce que l'achat sera plus alléchant."

Par exemple, une voiture dont le prix de location mensuel s'établirait à 300 $ sur 48 mois pourrait se vendre pour 290 $ par mois sur 72 mois, a-t-il soutenu.

M. Bélanger a reconnu du bout des lèvres qu'il pourrait perdre certains clients, qui veulent "absolument louer", mais il ne croit pas qu'en fin de compte, la décision de GM lui nuira.

"À la fin de la journée, les gens qui veulent absolument louer vont louer. Ainsi, on vend autant de véhicules cette année qu'avant : même si on vend moins de camions, on vend plus de petites voitures", a-t-il relativisé, notant la popularité des Pontiac G5, Wave et Vibe.

Un précurseur

Son collègue Jean-Claude Gravel, président du Groupe Gravel, dans la région de Montréal partage cet optimisme. "GM devra faire des efforts pour garder ses clients, concède-t-il. Mais j'ai un outil de vente plus percutant. Les autres constructeurs vont suivre, parce que ça coûtera moins cher."

Selon M. Navarre, des constructeurs comme Toyota vont profiter de cette décision de GM, un point de vue partagé par plusieurs observateurs de l'industrie.

"À court terme, c'est un choc pour le client, a soutenu le président de l'Association pour la protection de l'automobiliste, George Iny. Le client moyen n'acceptera pas des menottes pour six ans (à l'achat)."

Stephen Beatty, directeur général de Toyota Canada, s'attend à de bonnes ventes d'ici la fin de 2008. Car Toyota va continuer à offrir au client le choix de la location et de l'achat, avec une approche "agressive", des véhicules plus sobres et des prix canadiens qui ont baissé deux fois cette année par rapport aux Américains.

Ex-président de la Corporation des concessionnaires de Montréal et patron de Brault Ford, Jean-François Brault croit que Ford gagnera des clients même chez Chrysler (qui a majoré ses taux à la location et qui mise aussi davantage sur la vente). GM règle ainsi son problème des grosses pertes à la fin des contrats de location sur les gros véhicules depuis un an et le constructeur impose une tendance aux deux autres américains, sinon à l'industrie, estime l'économiste de Scotia Capital, Carlos Gomez.

Le CAA-Québec ne voit rien de dramatique pour l'instant, le client ayant toujours le choix entre la location ou l'achat dans le réseau de concessionnaire.