Plus d'un an après avoir acheté six CRJ900 de Bombardier, la société russe Tatarstan Airlines est toujours incapable d'obtenir les certificats qui lui permettront de les utiliser, a appris La Presse Affaires.

Plus d'un an après avoir acheté six CRJ900 de Bombardier, la société russe Tatarstan Airlines est toujours incapable d'obtenir les certificats qui lui permettront de les utiliser, a appris La Presse Affaires.

L'affaire traîne en longueur, au grand dam du transporteur de Kazan, qui attend avec impatience de pouvoir exploiter les appareils. Le coeur du problème, c'est que le gouvernement refuse de délivrer les indispensables certificats de navigabilité.

Ce geste est hautement politique, affirment plusieurs sources, puisque l'avionneur russe Sukhoi espère concurrencer les jets régionaux de Bombardier et d'Embraer avec son tout nouveau Superjet, de taille similaire.

Jointe par téléphone, Sylvie Gauthier, porte-parole de Bombardier Aéronautique, admet que le dossier n'a pas progressé depuis l'été dernier. «Rien n'a vraiment changé», a-t-elle dit.

Rôle limité

Il revient au transporteur - et non au fabricant - d'obtenir les certificats de navigabilité, a ajouté Mme Gauthier. Cela limite le rôle de Bombardier dans le dénouement de l'impasse. «Mais c'est un de nos clients, alors c'est certain qu'on est là et qu'on essaie de l'aider dans la mesure du possible.»

Il a été impossible de parler aux représentants de Tatarstan Airlines vendredi dernier. Natalia Yashina, chef du département commercial, avait qualifié de «très triste» la tournure des événements en septembre dernier, quand La Presse Affaires avait mis l'histoire au jour. Tous les pilotes ont été formés pour manoeuvrer les CRJ900 il y a environ un an, ce qui amplifie la frustration - et l'impatience - du transporteur tatar.

Une première

C'est la première fois que Bombardier voit un gouvernement refuser de certifier ses CRJ900, dont plus de 180 sont déjà en commande ou en service en Amérique du Nord et en Europe.

La commande de six CRJ passée par Tatarstan Airlines en mai 2007 s'élève à environ 217 millions de dollars américains. Seuls deux appareils ont été livrés jusqu'à maintenant. Le transporteur s'est gardé une option pour quatre autres avions, ce qui porterait le total à 10.

Coentreprise

Tout n'est pas noir en Russie pour Bombardier, malgré les problèmes de son client Tatarstan Airlines. Le marché des avions d'affaires (qui comptent en moyenne une douzaine de places) est en pleine effervescence, grâce à l'émergence d'une classe de nouveaux riches.

Le secteur du transport ferroviaire est aussi prometteur. Bombardier a annoncé en mai dernier la création d'une nouvelle coentreprise avec le constructeur ferroviaire russe Transmashholding, en vue de créer une nouvelle famille de locomotives. La nouvelle entité sera implantée en Russie et vise à concevoir des locomotives pour le marché intérieur et les ex-républiques soviétiques.

Selon Bombardier Transport, le marché russe du matériel roulant à traction est l'un des plus importants au monde.

Quelque 72,5% des locomotives électriques et 84,2% des locomotives diesel avaient dépassé leur durée d'exploitation en 2007, selon l'entreprise.

En tout, plus de 23 000 locomotives devront être remplacées d'ici à 2030 en Russie, souligne Bombardier Transport.