La fermeture de Pétromont annoncée mardi pourrait porter un dur coup à l'industrie pétrochimique de Varennes et du Québec, plusieurs entreprises gravitant autour du fabricant de produits chimiques.

La fermeture de Pétromont annoncée mardi pourrait porter un dur coup à l'industrie pétrochimique de Varennes et du Québec, plusieurs entreprises gravitant autour du fabricant de produits chimiques.

D'Air Liquide à Praxair en passant par le transformateur de plastique AET, de nombreuses usines s'approvisionnent actuellement auprès de Pétromont pour obtenir des matières premières ou des sous-produits comme de l'eau ou de la vapeur.

La fermeture de l'usine, annoncée pour le 30 avril, soulève bien des questions.

«L'impact est difficile à mesurer pour l'instant, mais nous allons rassembler l'ensemble des acteurs restants du parc chimique de Varennes pour trouver des solutions. On veut éviter un effet domino», a expliqué à La Presse Affaires le maire de Varennes, Michel Tremblay.

Praxair est une multinationale spécialisée dans les gaz qui possède des installations à Varennes. L'usine d'une trentaine d'employés embouteille actuellement l'acétylène produit par Pétromont.

«On va être en mesure de se débrouiller pour l'acétylène», soutient Sylvain Thiffault, directeur de l'usine. Son principal problème, c'est plutôt l'eau que lui fournit Pétromont, et qui lui sert à refroidir ses équipements.

«Qu'est-ce qui va arriver avec ça? Je n'en ai aucune idée. Il s'agit du seul facteur qui pourrait faire en sorte qu'on ait un gros problème.»

Chez AET, une usine de transformation de plastique, on utilise aussi l'eau de procédé de Pétromont, mais aussi sa vapeur qui sert à chauffer le plastique.

L'entreprise a vu venir les problèmes lorsque Basell, une usine de polypropylène située à proximité, a annoncé sa fermeture l'automne dernier. L'eau de Pétromont se rend chez Basell avant d'arriver chez AET.

«Il a fallu sortir un lapin de notre chapeau, dit Christiane Tardy, directrice de l'exploitation de l'usine. On a regardé la possibilité de s'approvisionner directement chez Pétromont, mais étant donné les rumeurs qui circulaient, on a choisi de devenir autonome.»

L'entreprise a donc investi plus de 2 millions de dollars pour se doter de bouilloires et de réservoirs pour produire sa propre vapeur. Mme Tardy espère que le tout sera fonctionnel à la fin du mois de mai; Pétromont fermera ses portes le 30 avril.

«On pensait avoir des utilités un peu plus longtemps que la fin d'avril», avoue Mme Tardif, qui croit tout de même que Pétromont continuera d'alimenter AET au-delà de la date de fermeture puisqu'elle devra entamer des opérations de nettoyage avant de cesser toute activité.

«C'est un dur coût pour ATE au niveau des dépenses de capital», dit-elle, soulignant toutefois qu'il s'agit d'un mal pour un bien puisque l'entreprise sera désormais autosuffisante, améliorera son efficacité énergétique et réduira ses émissions de gaz à effet de serre.

L'automne dernier, lors de l'annonce de la fermeture de l'usine Basell, Pétromont avait déjà souligné à quel point les entreprises des complexes pétrochimiques de l'est de Montréal et de Varennes étaient intereliées.

«Quand une entreprise ferme, toute la chaîne est affectée, en amont et en aval», avait dit Louis Rail, directeur des affaires publiques de Pétromont.

Le président de la FTQ, Michel Arsenault, a publié un communiqué mardi où il affirme que «la fermeture de Pétromont risque d'avoir un effet domino et d'entraîner ce secteur industriel dans un abîme sans fond dont le résultat sera la fermeture d'entreprises et la perte de centaines d'emplois».

Le maire de Varennes, Michel Tremblay, se montre moins pessimiste. «On ne peut pas être alarmiste au point d'affirmer que ça va faire fermer d'autres entreprises. Nous en sommes actuellement à mesurer l'impact, et on a encore quelques mois pour réagir.»