Il ne fait pas bon d'être banquier par les temps qui courent aux États-Unis. En 20 mois, 250 000 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur financier américain.

Il ne fait pas bon d'être banquier par les temps qui courent aux États-Unis. En 20 mois, 250 000 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur financier américain.

«C'est le secteur le plus touché cette année, comme l'an dernier», explique au bout du fil James Pedderson, du cabinet de placement Challenger, Gray&Christmas, qui a compilé le nombre de mises à pied.

Selon ses données, 103 000 personnes se sont fait offrir leur 4% cette année (ou plus, on est dans le secteur de la finance quand même). Ce nombre s'ajoute aux 153 000 de l'an dernier.

Le deuxième secteur le plus touché est celui de l'auto, avec ses 80 000 licenciements depuis le début de l'année.

Évidemment, le gros des jobs éliminés l'a été à Wall Street. Depuis janvier, New York a perdu près de 55 000 emplois, selon les données de l'agence CG&C, soit 10 000 de plus que pour l'ensemble de 2007 dans la métropole américaine.

L'an dernier, la Californie a aussi perdu plus de 31 000 emplois dans le secteur financier. Mais la saignée y est beaucoup moins importante cette année, avec 5700 jobs disparus en huit mois.

«Ce n'est pas difficile de prévoir que les pertes d'emplois vont être plus importantes cette année que l'an dernier», estime Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. L'an dernier était déjà une année record pour le nombre d'emplois perdus dans la finance américaine.

La banque qui a licencié le plus de personnes ces 12 derniers mois est Citigroup qui, à elle seule, a remercié tout près de 20 000 personnes.

Ces mises à pied surviennent alors que le décor change à la vitesse grand V à Wall Street.

Trois des cinq grandes banques d'investissement ont perdu ou sont sur le point de perdre leur indépendance: il y a le rachat de Merrill Lynch par Bank of America annoncé en fin de semaine; Lehman Brothers a demandé la protection de la loi sur les faillites dimanche; et Bear Stearns a été racheté par JPMorgan Chase en mars.

Du top 5 des banques d'investissement, il ne reste que Goldman Sachs et Morgan Stanley. Au Canada, les activités de ces banques d'investissement sont intégrées aux activités de courtage des banques traditionnelles.

«À mon avis, on est dans l'oeil de l'ouragan», estime encore M. Delisle.

Resserrement du crédit

L'"ouragan" a provoqué un important resserrement du crédit: l'argent que les banques prêtaient sans trop se soucier du dossier de crédit de l'emprunteur il y a deux ans est aujourd'hui beaucoup plus difficile à obtenir.

Selon les dernières données publiées par la Fed, 60% des banques ont resserré leurs conditions de crédit ces derniers mois. Il y a deux ans, cette même donnée était de 15%, rappelle M. Delisle. "La situation est simple, dit-il. Ceux qui peuvent prêter ne veulent pas le faire et il n'y a pas grand-monde qui veut emprunter."