Si, en 2002, Conrad Black a dirigé Hollinger International pour une rémunération de 7,1 M$ US, il ne recevra désormais que 17 cents l'heure pour ses services professionnels.

Si, en 2002, Conrad Black a dirigé Hollinger International pour une rémunération de 7,1 M$ US, il ne recevra désormais que 17 cents l'heure pour ses services professionnels.

L'ex-magnat de la presse a découvert un tout autre genre de vie quand il est entré hier midi au pénitencier fédéral de Coleman, en Floride, pour commencer à purger sa peine de six ans et demi de prison.

L'homme de 63 ans avait quitté sa résidence de West Palm Beach trois heures plus tôt, accompagné de sa femme Barbara Amiel et sous escorte policière.

«Aller en prison n'est pas grandiose, mais ce n'est pas la fin du monde», a confié Conrad Black tard dimanche soir au National Post. Il estime que son séjour derrière les barreaux sera court.

Lord Black de Crossharbour devra occuper ses journées à travailler, à moins d'un avis médical contraire, mais son salaire horaire se situera toujours entre 0,17$ et 1,20$.

Ses tâches potentielles comprennent le récurage des toilettes, le cirage des planchers ou la préparation des repas.

M. Black aura bien accès au magasin du pénitencier, mais il ne pourra pas y dépenser plus de 300$ par mois.

Celui qui portera désormais le matricule 18330-424 a dû délaisser les chics complets pour le costume du détenu: un chandail et un pantalon kaki ainsi que des chaussures à bout d'acier.

Une vie réglée, sans intimité

Le pénitencier à sécurité minimale de Coleman compte près de 2000 détenus, répartis dans 12 unités de 180 individus.

Chaque unité compte 12 douches, six toilettes, quatre urinoirs et 12 lavabos. Conrad Black devra vraisemblablement s'accoutumer aux attroupements matinaux autour des installations sanitaires.

Les unités sont séparées en cellules de 2,5 m sur 3 m, chacune pouvant accueillir jusqu'à trois détenus.

Chaque journée du prisonnier Conrad Black commence à 6h. Le déjeuner est servi 30 minutes plus tard et la journée de travail commence à 7h30. Les détenus sont comptés à cinq reprises durant la journée.

À 21h, tous les détenus doivent être en cellule, et les lumières s'éteignent à 23h.

Conrad Black a accès à la piste de jogging et au court de basket-ball, mais on peut prévoir qu'il passera davantage de temps à la bibliothèque.

L'historien et biographe prévoit aussi participer à un programme lui permettant d'enseigner à ses codétenus. Il pourra recevoir des visiteurs, mais les contacts physiques devront se limiter à une accolade à l'arrivée du visiteur et une accolade au départ.

Les proches de Conrad Black ont fait savoir que son séjour carcéral serait fait d'enseignement, d'écriture et de prière, et qu'il continuerait à en appeler de sa condamnation.

S'il a évité de répondre aux questions des journalistes hier, il a fait publier un long commentaire dans le National Post et le New York Sun.

Il y clame son innocence, et conclut le texte en citant l'écrivain Henry David Thoreau: «Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l'homme juste est aussi en prison.»