Le financier George Soros a estimé vendredi que la «possibilité d'un éclatement du système financier existe» depuis quelques jours en raison de l'aggravation de la situation sur les marchés et de la fragilité accrue des banques, dans le journal français Le Monde.

Le financier George Soros a estimé vendredi que la «possibilité d'un éclatement du système financier existe» depuis quelques jours en raison de l'aggravation de la situation sur les marchés et de la fragilité accrue des banques, dans le journal français Le Monde.

«Wall Street ne s'effondre pas, Wall Street est en crise», affirme au quotidien M. Soros, précisant que «le marché continue à fonctionner».

«En revanche, le fait nouveau depuis quelques jours, c'est que la possibilité d'un éclatement du système existe», assure-t-il, conséquence de «l'idéologie du laisser faire et de l'autorégulation», qu'il qualifie «d'intégrisme de marché».

Pour M. Soros, l'ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, est largement «responsable» de la crise «parce qu'il a laissé les taux d'intérêt trop bas, trop longtemps» et laissé «libre cours à l'innovation financière, considérant qu'il y avait plus à y gagner qu'à y perdre».

M. Soros juge les autorités de contrôle «également responsables, pour avoir donné trop de liberté aux acteurs des marchés et laissé se développer un marché du crédit monstrueusement étendu».

Il estime que cette crise née au coeur du système financier «va se transmettre à l'économie réelle», celle des échanges de biens et services.

«Les Etats-Unis sont sans doute déjà en récession, et cela va s'accélérer aux cours des deux prochains trimestres. Les banques ont déjà restreint leurs crédits».

Quant aux Américains, qui ont soutenu la croissance de la première économie mondiale en consommant et en s'endettant, «ils consommeront moins».

En Asie, «les exportations chinoises se réduiront. Les autorités ont les moyens d'agir pour stimuler l'économie grâce à leurs réserves de changes, mais le feront-elles correctement?», s'interroge-t-il, allant jusqu'à dire que la crise «pourrait dégénérer en crise politique» en Chine, «comme ce fut le cas en Indonésie en 1998».

En Europe, vu le repli des prix des matières premières, «nous allons entrer en période de déflation» et M. Soros «pense qu'il serait opportun» pour la Banque centrale européenne de «baisser les taux» d'intérêt.

Pour sortir de la crise, «tout le système financier américain doit être repensé».