Devant la difficulté d'obtenir du financement au Canada, l'industrie des biotechnologies demande à Québec et Ottawa de revoir leurs règles. Car les biotechs en développement sont pénalisées quand elles décrochent trop de fonds à l'étranger.

Devant la difficulté d'obtenir du financement au Canada, l'industrie des biotechnologies demande à Québec et Ottawa de revoir leurs règles. Car les biotechs en développement sont pénalisées quand elles décrochent trop de fonds à l'étranger.

Pierre Lemieux, un des cofondateurs de Technologies BiolActis, de Laval, en sait quelque chose. À la fin de 2005, il a conclu un financement de 10 M$ avec un fonds suisse, Inventages, détenu en partie par la multinationale Nestlé.

«On était à la croisée des chemins en 2005. On était rendu au bout du rouleau financier», se rappelle M. Lemieux.

Il s'est vite rendu compte que ces 10 M$ avaient un coût. Avec cette injection de fonds, il estime avoir perdu quelque 3 M$ en crédit d'impôt de la part des deux gouvernements.

Comment? La logique se trouve dans les règles régissant les crédits à la recherche et développement (R&D). Tant à Québec qu'à Ottawa, les entreprises doivent être de propriété canadienne pour obtenir l'ensemble de ces crédits prévus pour les petites entreprises.

À Québec, ce crédit remboursable est de 37,5%. Mais il tombe à 17,5% quand la PME voit une majorité de son actionnariat passer à un non-Canadien ou quand ses actifs atteignent 75 M$. «On est très généreux selon les standards internationaux», explique Brian Girard, sous-ministre adjoint aux politiques économiques et fiscales au ministère des Finances.

À Ottawa, le crédit d'impôt passe de 35% à 20% si une majorité de l'actionnariat d'une société non inscrite en Bourse passe à des mains étrangères, selon BIOTECanada.

Son président et chef de la direction, Peter Brenders, rappelle que l'Ontario a éliminé la notion de propriété étrangère à la fin des années 1990 alors que l'Alberta vient de le faire. «L'important, c'est que les emplois soient au Canada.»

C'est ce soir que s'ouvre à Montréal la semaine nationale des biotechnologies. Et la question du financement sera le sujet de l'heure, estime Patrick Montpetit, président du conseil d'administration de BIOQuébec et chef de la direction financière de Bioniche Life Science.

Lui qui travaille dans le secteur depuis 15 ans et a trouvé quelque 225 M$ de financement pendant la période fait ce constat: «Ça n'a jamais été aussi difficile que maintenant. Il n'y a pas un appétit du risque.»