Le projet d'accord de l'OMC sur la libéralisation du commerce agricole, qui est actuellement l'objet de discussions à Genève, menace certains secteurs de l'agriculture québécoise, dont ceux qui sont régis par la gestion de l'offre, a affirmé M. Lessard.

Le projet d'accord de l'OMC sur la libéralisation du commerce agricole, qui est actuellement l'objet de discussions à Genève, menace certains secteurs de l'agriculture québécoise, dont ceux qui sont régis par la gestion de l'offre, a affirmé M. Lessard.

Selon le ministre québécois, qui a assisté à la rencontre internationale jusqu'à samedi, le gouvernement fédéral, dont les représentants sont toujours sur place, doit aller plus loin pour exprimer sa position.

«Ils doivent maintenir la fermeté et aller plus loin parce que c'est à la fin de la soirée que chacun mesure ce qu'il a à donner», a dit M. Lessard lors d'une entrevue.

Le ministre du Commerce international, Michael Fortier, ainsi que le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, doivent continuer de faire valoir leur point de vue lors de rencontres bilatérales, a affirmé M. Lessard.

«S'il y a des impacts économiques, c'est eux qui tiennent le crayon et ils doivent savoir qu'il y a des conséquences, a dit le ministre québécois. Et s'il y a des conséquences, on sait à quelle porte frapper.»

M. Lessard a affirmé que les textes qui sont l'objet de discussions l'inquiètent parce qu'ils ne correspondent pas aux objectifs que le Québec s'est fixé dans le cadre de la séance de l'Organisation mondiale du commerce.

Selon M. Lessard, ils ne répondent pas non plus aux attentes du gouvernement fédéral à cet égard.

«Quand je regarde ce qu'il y a comme texte, on demeure toujours inquiet parce que nécessairement, il y a une diminution du soutien intérieur», a dit M. Lessard.

Lundi, l'Union des producteurs agricoles a demandé au gouvernement du Québec de faire pression sur Ottawa pour que la version du texte de l'accord, qui a été déposée vendredi, soit rejetée.

Selon l'UPA, dans sa version actuelle, le texte entraînerait la réduction du nombre de produits agricoles étrangers soumis à des tarifs douaniers lorsqu'ils sont importés au pays.

Des produits québécois tels que le fromage, le lait entier ainsi que des sous-produits de volaille, qui sont régis par les programmes de gestion de l'offre, pourraient être exposés à la concurrence d'importations étrangères vendues moins cher, craint l'UPA.

«On trouve que le gouvernement fédéral ne fait pas sa job, a dit M. Lacasse. Le gouvernement canadien ne défend pas la position correctement.»

L'UPA estime que le projet d'entente pourrait faire perdre 1 milliard $ de revenus au secteur agricole québécois, dont le total annuel s'élève à 6 milliards $.

Selon M. Lessard, le gouvernement fédéral a déjà exprimé, au cours des derniers mois ainsi que depuis le début de la rencontre de l'OMC, son engagement à défendre la gestion de l'offre.

La semaine dernière, la délégation québécoise était à Genève pour mettre de la pression sur le fédéral concernant les revendications traditionnelles du Québec à propos de la défense et de la promotion de la gestion de l'offre comme système de la gestion des risques, a dit M. Lessard.

«Toute la semaine, j'ai entendu les fédéraux dirent qu'ils réitéraient (leur position), a-t-il affirmé. De toute façon, ils ont un seul mandat de l'Assemblée nationale et de la Chambre des communes, c'est de défendre la gestion de l'offre.»

Le ministre du Commerce international, Michael Fortier a assuré lundi que depuis le début de la rencontre à Genève, où il est réuni avec trente autres ministres de pays étrangers, il a défendu la gestion de l'offre.

«Il y a beaucoup de pays qui sont arrivés à Genève il y a huit jours avec certaines exceptions qu'ils souhaitaient faire valoir et nous, on l'a fait valoir dès le premier jour et encore aujourd'hui», a-t-il dit, depuis Genève.

M. Fortier a affirmé qu'une bonne entente pour le Canada devrait permettre d'abaisser des barrières tarifaires à l'étranger, pour des entreprises canadiennes exportatrices - notamment dans les secteurs de l'automobile, de l'aérospatiale et de la pétrochimie -, tout en protégeant les acquis dans l'agriculture.

Le ministre fédéral a affirmé qu'il restait encore de «pain sur la planche» mais qu'il commençait à observer des signes d'impatience.

«Les gens regardent l'horloge et commencent à trouver qu'il se fait tard», a-t-il dit.

Le Bloc québécois a pour sa part écrit lundi au premier ministre Stephen Harper afin de lui demander de s'opposer à tout accord qui affaiblirait le système de gestion de l'offre.

«L'absence de protection suffisante pour la gestion de l'offre et les produits sensibles nous donne à penser que ces enjeux sont peu importants pour le gouvernement qui n'a pas exprimé son désaccord face à cette absence», a écrit le chef bloquiste Gilles Duceppe, en faisant référence au projet d'accord discuté à Genève.