Parmi le million de golfeurs québécois, on retrouve de nombreux professionnels qui jouent pour faire des affaires. Quels terrains choisissent-ils ?

Parmi le million de golfeurs québécois, on retrouve de nombreux professionnels qui jouent pour faire des affaires. Quels terrains choisissent-ils ?

Consultant en marketing pour les PME, Christian Pichette ne se passe plus du golf pour son travail : « Le golf peut être un bon outil pour les affaires. Ça permet de côtoyer une personne pendant 5 heures. C'est beaucoup de temps afin de bien la connaître. » C'est pourquoi il est devenu membre d'un prestigieux club de golf privé auquel il peut convier clients, prospects ou futurs partenaires d'affaires.

Est-ce à dire qu'on brasse de meilleures affaires dans un club privé ? « Pas nécessairement, assure Jacques Landry, directeur de l'Association des terrains de golf du Québec. L'important, c'est de trouver un golf qui soit proche du lieu de travail de son invité et qui réponde à certains standards de qualité et d'accueil. » On évite donc les endroits où le restaurant est en fait un repaire à hot-dogs et où les marshals, zélés, vous éjectent du vert à peine le drapeau replanté.

Mais il demeure qu'être membre d'un club privé amène d'indéniables avantages, en dépit des quelques milliers de dollars qu'il en coûte. Marc Rouleau, gestionnaire de portefeuille chez Investissements Standard Life, reçoit régulièrement de la part de courtiers des invitations à aller jouer au golf. Il comprend que pour certains, être invité sur un terrain qui ne leur est pas accessible, faute d'être membre, peut être un bon incitatif : « Qui n'a pas envie de jouer sur un beau parcours qui offre du challenge ? »

Une fois le client appâté, l'heure est venue de l'épater. Et c'est là un autre avantage d'être membre d'un club privé puisque l'hôte arrive en terrain connu. Imaginez : tout le personnel connaît votre nom; vous n'avez nul besoin de sortir votre carte de crédit puisque vous y avez un compte ouvert; vous ne cherchez pas, désorienté, où se trouvent vestiaires ou départ; vous connaissez le parcours comme le fond de votre poche ce qui vous évite une performance catastrophique; et vous allez même jusqu'à avertir votre client des difficultés du prochain trou. « Vous maîtrisez la situation et cela vous fait paraître bien », résume Jacques Landry.

Enfin, il ne reste plus qu'à couronner le tout avec un repas gastronomique au 19e trou, ce que avec quoi les clubs privés ne badinent pas. Au Club de golf Le Blainvillier, on offre un menu 9 services aux grandes occasions et la carte des vins compte 200 suggestions. Son directeur, Claude Trudel, mentionne d'ailleurs que la qualité de la cuisine – et du golf en général – a créé toute une impression sur le président de Honda Canada, en visite dans son club, l'an dernier.

Est-ce que ça marche, alors ? Oui, dans la mesure où l'on ne s'attend pas à repartir avec un chèque en poche. « Quand j'invite, c'est pour établir des relations personnelles, explique Marc Rouleau. Cela permet de connaître une personne en dehors du contexte du bureau qui est très formel ». Christian Pichette opine dans ce sens : « On n'est pas en speed dating ! L'objectif, c'est de se connaître mutuellement. On voit si le code d'éthique est respecté ou comment la personne réagit à la pression. On reconnaît les hyperactifs, les compétitifs, les colériques, ceux qui ne peuvent décrocher du cellulaire ou s'empêcher de donner des conseils. C'est ça, la beauté du golf : c'est un révélateur. »