À la surprise générale, le repli du surplus de la balance commerciale a contribué à la croissance au cours du mois d'octobre où le Canada est sans doute entré en récession.

À la surprise générale, le repli du surplus de la balance commerciale a contribué à la croissance au cours du mois d'octobre où le Canada est sans doute entré en récession.

L'apport des échanges commerciaux avec l'étranger a peut-être même davantage favorisé le Québec que d'autres provinces, selon les données publiées hier par Statistique Canada.

De septembre à octobre, le surplus commercial est passé de 4,3 à 3,8 milliards de dollars. Ce montant est attribuable à la poussée des prix des importations qui résultent de la chute du dollar canadien. En octobre, le huard a perdu 10,7% d'équivalence face au billet vert, sa plus forte variation mensuelle de l'histoire.

Ces résultats supérieurs aux estimations des économistes ont tonifié le huard. Il a aussi profité de la faiblesse générale du billet vert pour gagner 1,67 cent d'équivalence, à 81,06 cents US.

Exprimées en valeur, les importations ont progressé de 34,1% alors que les exportations ont augmenté de 2,5%, ce qui explique la diminution de l'excédent nominal.

Exprimées en volumes, les importations ont fléchi de 3,6% et les exportations de 1,6% seulement, ce qui a eu pour résultat de réduire le déficit commercial réel. «Le commerce extérieur contribue en fait à la croissance», précise Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. L'aggravation de la récession américaine l'amène toutefois à douter que pareille situation puisse prévaloir.

Aux États-Unis, le déficit commercial s'est même aggravé. Il est passé de 56,2 à 57,2 milliards US de septembre à octobre alors que les experts s'attendaient à ce qu'il recule à moins de 54 milliards US.

C'est le dernier levier de la croissance qui cède. La diminution de la consommation des ménages et des entreprises freinait les importations alors que la faiblesse du dollar américain avait stimulé les exportations, jusqu'à l'été. Les exportations ont diminué pour le troisième mois d'affilée en octobre.

«Avec l'appréciation du dollar américain qui se poursuit à la faveur des flux financiers, le commerce extérieur pourrait freiner l'activité économique au cours des prochains trimestres», prévient Milan Mulraine, stratège chez TD Valeurs mobilières.

La hausse de la valeur des importations canadiennes a surtout été assurée par un bond de 22,3% des achats de pétrole à l'Arabie Saoudite, au Royaume-Uni et à la Norvège. Comme le Québec importe 100% de sa consommation, on pourrait craindre à première vue la détérioration de son solde commercial, qui représente déjà le risque le plus grand qui pèse sur sa propre croissance.

Ce sont plutôt les Maritimes, et en particulier le Nouveau-Brunswick, qui se sont gavées de brut en octobre. L'or noir a servi à approvisionner la raffinerie Irving, la plus grande au pays, qui le raffine afin de l'exporter en Nouvelle-Angleterre.

En fait, le Québec bénéficiera sans doute de l'augmentation substantielle des ventes canadiennes d'électricité aux États-Unis.

«À première vue, c'est assez encourageant pour le mois d'octobre, reconnaît Mathieu D'Anjou, économiste chez Desjardins. Le Québec est aussi favorisé du fait qu'il est peu touché par la baisse des exportations d'automobiles qui affecte surtout l'Ontario.»

Les livraisons à l'étranger des produits de l'automobile ont diminué de 2,7% en octobre, portant à 37% leur chute depuis le sommet de janvier 2007. Les ventes des seules voitures particulières, toutes fabriquées en Ontario, ont quant à elles baissé de 3,7%. Les exportations aux États-Unis étaient les plus faibles depuis 1983.

À l'échelle du pays, les exportations de toutes les autres grandes catégories de biens étaient à la hausse, en particulier la machinerie industrielle et agricole.

L'excédent commercial avec les États-Unis s'est rétréci pour le quatrième mois d'affilée. Cette tendance devrait continuer au cours des prochains mois. Par bonheur, le déficit commercial avec l'Union européenne a diminué.