Les Canadiens étaient toujours prêts à dépenser davantage dans les magasins au début de l'été, mais ils en avaient moins pour leur argent.

Les Canadiens étaient toujours prêts à dépenser davantage dans les magasins au début de l'été, mais ils en avaient moins pour leur argent.

Faire le plein vidait surtout leur portefeuille puisqu'ils y ont laissé 4,2% de plus de leur pécule chèrement gagné, en juin qu'en mai, indiquait hier Statistique Canada.

«La flambée des prix de l'essence qui fait que ce produit représente maintenant 13% des ventes au détail a entamé leur pouvoir d'achat», note Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Les magasins de meubles, de vêtements pour hommes et femmes, les centres de rénovation et les supermarchés ont augmenté leur chiffre d'affaires au cours de juin.

Les consommateurs de toutes les provinces ont laissé plus d'argent dans les magasins. Au Québec, la valeur des ventes a avancé de 0,3% et se situe à 5,2% de plus qu'en juin 2007.

Seuls les concessionnaires d'automobiles et les marchands de pièces accusent un recul d'importance. «Plus les Canadiens dépensent pour faire le plein et moins ils cherchent à remplacer leur véhicule», résume James Marple, économiste chez Groupe financier Banque TD.

Depuis un an, le chiffre d'affaires des stations-service a grimpé de 23,6% alors que celui des concessionnaires d'autos neuves fait marche arrière de 5,9%, dont 3,1% en juin, malgré plusieurs promotions. Les ventes de voitures d'occasion, de véhicule de plaisance et de pièces accusent pour leur part un repli de 0,8% en juin et de 2,1% depuis un an.

Dans l'ensemble des magasins, la valeur des ventes au détail a augmenté de 0,5% en juin, mais leur volume a diminué pour la deuxième fois d'affilée. Le repli cette fois atteint 0,4%. Or, ce sont les volumes et non la valeur des ventes au détail qui servent de mesure à l'expansion réelle de l'économie.

Le commerce de détail a donc diminué la croissance en juin. Les données du produit intérieur brut par industrie seront connues le 29, mais on s'attend à une avancée d'escargot, si avancée il y a eu. C'est une déception, compte tenu que les ventes réelles des grossistes et des manufacturiers ont bondi au cours du mois.

Mince consolation, pour l'ensemble du trimestre, le consommateur apporte une légère contribution de 0,4% à l'expansion, sa plus faible depuis l'automne cependant. Au cours des prochains trimestres, tout indique maintenant qu'il perdra son rôle de moteur de la croissance.

Cette année, les prix au détail sont à la hausse, hormis ceux des véhicules, alors qu'ils avaient diminué et stimulé la consommation sur la poussée de notre monnaie, en 2006 et 2007.

Le pouvoir d'achat s'effrite au moment où se détériorent depuis l'été la confiance des ménages, le marché du travail et la valeur du huard qui a à nouveau perdu des plumes hier.

La fréquentation des centres de rénovation, des marchands de meuble et des autres détaillants de biens durables est appelée à diminuer au cours des prochains mois avec le ralentissement des mises en chantier. «En raison des conditions économiques, les ménages devraient aussi réduire la cadence de leurs emprunts afin d'éviter une détérioration de leur situation financière», prédit Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

S'il est vrai que le malheur des uns fait le bonheur des autres, alors soyons heureux! Les consommateurs américains paraissent aux prises avec un climat beaucoup plus hostile. Les ventes des détaillants américains ont progressé moins rapidement que celles des canadiens au deuxième trimestre. «Et ce, en débit des rabais fiscaux consentis par Washington», fait remarquer Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux.