Un à la fois, grain par grain, les élèves doivent déplacer un tas de riz à l'aide d'une fine pincette. Quand l'entraînement leur a procuré la dextérité nécessaire, ils raffinent l'exercice avec des grains de couscous.

Un à la fois, grain par grain, les élèves doivent déplacer un tas de riz à l'aide d'une fine pincette. Quand l'entraînement leur a procuré la dextérité nécessaire, ils raffinent l'exercice avec des grains de couscous.

Des apprentis-cuisiniers? Non, de futurs horlogers qui étudient à l'École nationale d'horlogerie - la seule au Canada -, rattachée à la commission scolaire du Chemin-du-Roy, à Trois-Rivières.

«Quand ils en ont fini avec le couscous, ils n'échappent plus leurs vis», relate Michel Joncas, un des trois enseignants du programme.

«Avant, ils s'entraînaient avec des vis d'horlogerie, mais on en ramassait une cinquantaine sur le plancher et on en perdait beaucoup. Maintenant, avec le riz, on n'a qu'à passer l'aspirateur.»

Qualité du programme

Les élèves proviennent de tout le pays, et même des États-Unis. "Notre programme est trois fois meilleur que ce qui se donne aux États-Unis", assure M. Joncas.

L'horlogerie est un des rares cas où la technologie revient sur ses pas. Les affichages à cristaux liquides s'effacent peu à peu, au propre comme au figuré. Les mécanismes d'horlogerie raffinés, à piles, sont revenus dans l'air du temps.

«Ils sont plus précis, plus fiables, assure Michel Joncas. Au soleil, les cristaux liquides disparaissent.»

Les diplômés ne sont pas limités à la réparation des montres: ils manient les serrures bancaires, les instruments aéronautiques, la microsoudure...

«On travaille au micron, alors on vient chercher nos élèves, constate-t-il. Il y a beaucoup de débouchés!»

C'est à l'embouchure qu'est le problème. L'école peut accueillir une vingtaine d'élèves, mais cette année, 14 seulement sont inscrits.

Le taux de placement atteint pourtant 98%. Quinze jours avant Noël, la majorité des élèves ont déserté les salles de cours pour travailler dans des bijouteries durant la période des Fêtes.

«C'est un métier plein d'avenir, assure Michel Joncas: la moyenne d'âge des horlogers est de 68 ou 69 ans.»

Le temps joue en faveur des apprentis horlogers.