La crise financière fera des victimes parmi les sociétés d'exploration minière du Québec. Et seules les plus solides verront le bout de l'année 2009.

La crise financière fera des victimes parmi les sociétés d'exploration minière du Québec. Et seules les plus solides verront le bout de l'année 2009.

«C'est clair qu'il y en a qui vont tomber», a affirmé hier Marco Gagnon, président de l'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ), en marge du congrès Québec Exploration 2008 qui se déroule cette semaine à Québec.

Il suffit d'entendre les pep-talks que se livrent les dirigeants des entreprises juniors pour comprendre que les temps sont durs pour ceux dont le métier est de fouiller le sol pour y trouver des trésors. «Nous sommes des survivants. Nous allons passer au travers», a martelé l'un d'eux hier lors d'un discours digne de l'émission de téléréalité Survivor.

Deux crises

Pas besoin de chercher longtemps pour comprendre ce qui afflige ces petites sociétés.

«On vit deux crises en même temps. Une crise économique et une crise financière», dit Jean-Pierre Thomassin, directeur général de l'AEMQ. La première a diminué la demande pour les ressources naturelles et a fait chuter leur prix; l'autre a paralysé le financement pour ces sociétés qui doivent investir l'argent des autres avant de découvrir.

L'AEMQ demande aux fonds d'investissement miniers -la société en commandite Sidex, le Fonds de solidarité de la FTQ, la Sodemex (le bras minier de la Caisse de dépôt)- de continuer à investir dans les entreprises malgré les temps difficiles.

«On va avoir le topo exact à la fin de l'année, mais on sait qu'il y a environ une vingtaine de sociétés qui vont être en difficulté, dit Marco Gagnon. S'il y avait 100 000$ qui étaient investis dans ces sociétés, ça ferait 2 millions de dollars. C'est à peu près ça qu'on demande.»

«On parle des entreprises qui vont mal mais qui ont une chance de passer au travers la crise, précise M. Gagnon. On est conscient qu'il y a des sociétés qui ne passeront pas au travers; on demande de l'aide pour les sociétés les plus prometteuses.»

«On est toujours prêts à investir dans de bons projets. On en cherche!» répond Michel Champagne, directeur général de Sidex, société d'investissement créé par le gouvernement du Québec pour soutenir le secteur minier.

M. Champagne affirme que Sidex n'a pas diminué son niveau d'investissement avec la crise. Il admet cependant que bien d'autres ressources financières se sont taries pour les entreprises, ce qui incite souvent les dirigeants à penser survie plutôt que développement de projets.

«C'est normal, avec le contexte, que les entreprises fassent une pause. Mais pour des investisseurs, financer un fonds de roulement, ce n'est pas intéressant. Nous investissons dans des projets qui vont rapporter», dit-il.

Un signe positif

Du côté des entreprises déjà en exploitation, le mot d'ordre est à la réduction. «Les mines ferment extrêmement rapidement, dit David Coffin, analyste du secteur minier... qui juge la situation "extrêmement encourageante» !

Pourquoi? Parce qu'historiquement, les entreprises minières augmentent leur production lorsque les prix des métaux baissent question de compenser en volume ce qu'elles perdent en rentabilité. Et la plupart du temps, c'est parce que la banque les tient à la gorge et les oblige à procéder ainsi.

«Cette fois, le cycle a été assez long et assez fort pour que les entreprises aient de l'argent dans leurs coffres. Elles ne sont plus des emprunteurs. Elles ferment des mines à un rythme impressionnant, et elles le font parce qu'elles le peuvent. Parce qu'il n'y a pas de banques derrière qui leur disent: continuer d'envoyer du métal sur le marché. La plupart sont des entreprises en santé qui refusent de produire du métal à perte.»

Une stratégie qui pourrait aider à rééquilibrer l'offre et la demande... et à faire remonter les prix.