Jean-François Vocelle n'en a que faire de la crise immobilière américaine et de la chute record du niveau de confiance. Avec sa conjointe, il a déposé hier midi une offre d'achat pour un quintuplex dans le quartier Villeray... sans même avoir vendu son condo dans un premier temps.

Jean-François Vocelle n'en a que faire de la crise immobilière américaine et de la chute record du niveau de confiance. Avec sa conjointe, il a déposé hier midi une offre d'achat pour un quintuplex dans le quartier Villeray... sans même avoir vendu son condo dans un premier temps.

«J'ai une bonne situation financière, je ne suis pas endetté et je pense que les taux d'intérêt vont peut-être baisser, alors ça va être bon», dit le Montréalais de 30 ans.

Les Canadiens partagent l'attitude confiante de M. Vocelle, si l'on se fie à une étude de RBC menée à la mi-octobre, en pleine débâcle des marchés boursiers. Selon cette enquête, publiée hier, la proportion de gens qui ont l'intention d'acheter une propriété au cours des deux prochaines années -22% - n'a pas bougé au pays par rapport à janvier dernier.

«En dépit des récents événements économiques, nous constatons que les Canadiens croient encore que l'achat d'une maison est un bon investissement», note dans le document Catherine Adams, vice-présidente, financement sur valeur nette immobilière, chez RBC Banque Royale.

Au Québec, la proportion de gens intéressés à acquérir une résidence a légèrement baissé par rapport à janvier, passant de 21% à 19%.

Même si le marché demeure assez bon, les agents immobiliers montréalais interrogés par La Presse Affaires disent avoir remarqué un certain changement dans l'attitude des acheteurs au cours des dernières semaines.

«Souvent, les gens me demandent ce qui va arriver l'année prochaine avec le marché, dit Amélie Jolicoeur, agente chez Remax du Cartier. Comme je veux avoir la conscience tranquille, je leur dis que je ne peux pas répondre à cette question. Mais d'un autre côté, plusieurs clients continuent à chercher en disant qu'ils doivent se loger de toute façon.»

Sandra Cantinho, elle aussi de Remax, note également une certaine «crainte» chez des acheteurs potentiels. Mais les affaires demeurent florissantes, affirme-t-elle. «Je ne peux pas dire que ça ne va pas bien. Je travaille beaucoup...»

Il est encore trop tôt pour connaître les chiffres de vente d'octobre dans la métropole québécoise. Le mois de septembre était en progression, enregistrant même la plus forte hausse mensuelle du nombre de transactions en 11 mois selon les données de la Chambre immobilière du Grand Montréal.

Quelques 3060 propriétés ont changé de mains dans la région montréalaise en septembre, 13% de plus qu'au même mois l'an dernier. Les ventes de condos ont bondi de 25%, celles des immeubles multilogements, de 16%, et celles des unifamiliales, de 7%. Les prix moyens ont grimpé de 4% à 6%, selon la catégorie.

À l'échelle canadienne, le nombre de transactions a augmenté de 3% en septembre et le volume de ventes, de 2,8%, à 8,2 milliards de dollars, selon les données de l'Association canadienne de l'immeuble. Le prix moyen a cependant reculé de 6,2%, à 315 461$, en raison de l'activité moindre dans les marchés où les valeurs sont les plus élevées.

Le sondage de RBC a été mené en deux temps par la firme Ipsos Reid. Le volet portant sur les intentions d'achat a été réalisé entre le 9 et le 13 octobre auprès de 1474 Canadiens. La marge d'erreur est de 2,6 points, 19 fois sur 20.