La Réserve fédérale américaine (Fed) a choisi d'abaisser son taux directeur de 50 centièmes une deuxième fois ce mois-ci. Il est maintenant fixé à 1%, son niveau le plus faible en plus de quatre ans, et pourrait diminuer encore.

La Réserve fédérale américaine (Fed) a choisi d'abaisser son taux directeur de 50 centièmes une deuxième fois ce mois-ci. Il est maintenant fixé à 1%, son niveau le plus faible en plus de quatre ans, et pourrait diminuer encore.

La décision unanime du comité sur la politique monétaire de la Fed présidé par Ben S. Bernanke s'appuie sur le constat que l'économie américaine est mal en point et le restera encore quelques trimestres.

«Le rythme d'activités économique semble avoir considérablement ralenti, lit-on dans le communiqué faisant part de sa décision. Les dépenses en investissement des entreprises et la production industrielle faiblissent depuis quelques mois, tandis que le ralentissement économique dans plusieurs économies étrangères assombrit les perspectives des exportations américaines. Au surplus, l'intensification de la tourmente financière va sans doute restreindre davantage les dépenses en réduisant la capacité des ménages et des entreprises à obtenir du crédit.»

Sans employer le mot récession, la Fed reconnaît implicitement que l'économie américaine n'est plus en expansion. L'ensemble des dispositions prises depuis un an, y compris la baisse annoncée hier, «devrait avec le temps aider à améliorer les conditions de crédit et promouvoir un retour à une croissance économique modérée».

La Fed affirme tout de même que «des risques à la baisse sur la croissance pèsent malgré tout».

Il y a unanimité que l'économie américaine s'est contractée durant l'été. Washington donnera ce matin une première appréciation de l'ampleur des dégâts, mais la prévision médiane des économistes sondés par l'agence Bloomberg fait état d'un repli annualisé de 0,5%, le pire depuis 2001.

Toute référence à des pressions inflationnistes, encore présente dans l'annonce précédente le 6 octobre, est maintenant disparue. La Fed n'a plus qu'un cheval de bataille: rétablir la croissance à tout prix.

Durant la longue présidence d'Alan Greenspan, la Fed avait conservé son taux directeur à 1% pendant 14 mois par crainte d'une déflation. Aujourd'hui, l'inflation dépasse les 4%, ce qui porte le taux directeur en termes réels à son plus faible niveau depuis les années 1950. La poussée des prix devrait cependant vite ralentir au cours des prochains mois.

La panoplie des mesures extraordinaires déployées par la Fed depuis un an pour dénouer la crise financière incluent l'injection de plus de 1000 milliards US de liquidités au moyen de six opérations et la réduction substantielle du taux directeur (de 5,25% à 1%) en l'espace de 13 mois. Elle semble tout aussi déterminée à remettre l'économie sur rails.

Bernanke est prêt à abaisser les taux davantage et ne paraît pas effrayé par l'idée de s'aventurer en territoire inconnu, près de la borne zéro, juge Sébastien Lavoie, économiste chez valeurs mobilières Banque Laurentienne.

«Un taux directeur inférieur à 1% pour la première fois depuis que la Fed s'est fixé une cible dans les années 1980 paraît dans les cartes», renchérit Michael Gregory, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.

«Ce n'est pas une certitude compte tenu des défis pratiques que pose pour une banque centrale un taux inférieur à 1%, nuance Millan Mulraine, stratège chez TD Valeurs mobilières. Cela demeure un risque sur lequel il vaut la peine de s'attarder.»

C'est sans doute en le sous-pesant que les investisseurs ont changé d'idée à plusieurs reprises, hier à New York. Les grands indices boursiers, qui enregistraient des gains appréciables juste avant l'annonce à 14h15, ont par la suite plongé dans le rouge avant d'amorcer une jolie remontée qui s'est affaissée durant la dernière demi-heure de la séance. Seul l'indice composite NASDAQ a pu préserver un léger gain.

Du côté obligataire, les échéances à court terme ont vite progressé (baisse de rendement) alors que les 10 ans ont reculé (hausse du rendement) sur la perspective que le Trésor devra émettre plus de titres de dettes pour faire face à la récession.