Le climat économique actuel n'est pas très rassurant pour l'industrie aéronautique, mais celle-ci peut compter sur deux atouts de taille pour faire face à la tempête: la baisse des prix du carburant et la chute du dollar canadien.

Le climat économique actuel n'est pas très rassurant pour l'industrie aéronautique, mais celle-ci peut compter sur deux atouts de taille pour faire face à la tempête: la baisse des prix du carburant et la chute du dollar canadien.

«Nous croyons que l'explosion des prix du carburant, l'été dernier, représentait probablement une plus grande menace pour les transporteurs aériens que le ralentissement économique qui s'annonce, écrit Cameron Doerksen, de la firme Versant Partners, dans un rapport de recherche. Le prix du kérosène a diminué de 50% depuis le sommet de juillet.»

Il ajoute que la chute de la devise canadienne relativement au dollar américain est très positive pour les manufacturiers canadiens du domaine de l'aérospatiale.

«La devise américaine s'est appréciée de 28% par rapport à l'année dernière, souligne-t-il. Cela signifie que les revenus des opérations au Canada ont augmenté de 28% alors que les salaires et les autres coûts sont demeurés stables.»

D'autres analystes mentionnent les conséquences positives des prix du carburant et du taux de change. Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, affirme que la baisse des prix du pétrole devrait réduire l'impact d'une récession sur la profitabilité des transporteurs aériens. Pour sa part, dans un rapport de recherche sur Bombardier, Fadi Chamoun, de la firme UBS, soutient que la dévaluation de la devise canadienne constitue un «coussin significatif» pour l'avionneur.

Encore faut-il que les transporteurs aériens et les manufacturiers puissent bénéficier pleinement de la nouvelle donne: la plupart ont acheté des contrats à terme pour se protéger contre la hausse du prix du kérosène et la vigueur du dollar canadien. Ces contrats représentent maintenant des boulets.

Les résultats financiers divulgués par des transporteurs américains ces derniers jours illustrent le problème: Northwest a notamment déclaré mercredi une perte de 317 millions de dollars US au troisième trimestre en raison de son programme de couverture sur le carburant.

Chez Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], on ne veut pas donner de détails sur le programme de couverture de l'entreprise.

«Nous approchons de la fin de l'année financière, explique Jean-Michel Laberge, conseiller aux affaires publiques et aux communications chez Transat. Cela sera abordé lors de la divulgation des résultats.»

Air Canada [[|ticker sym='T.AC.A'|]], qui divulguera bientôt ses résultats du troisième trimestre, s'est également montrée peu loquace. Au mois d'août, le transporteur avait fait savoir qu'il avait couvert environ 49% de ses besoins prévus en kérosène pour le reste de 2008.

Bell Helicopter Textron Canada, une filiale de la multinationale américaine Textron, a également fait appel aux programmes de couverture pour se prémunir contre l'envolée du huard. Le directeur du développement des affaires de l'entreprise de Mirabel, Michel Legault, indique qu'il faudrait que la devise canadienne se maintienne au même niveau pendant une bonne année avant que Bell Helicopter n'en bénéficie pleinement.

«La baisse du dollar, ça aide un peu, mais nous n'avons pas commencé à ouvrir la bouteille de champagne», déclare-t-il.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] devra aussi attendre avant de bénéficier de la baisse du dollar canadien.

«Ça va nous aider si la tendance se poursuit, affirme le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Nous ne verrons pas les bénéfices immédiatement. Ça se verra lors de la renégociation de ces contrats.»

Le titre de l'avionneur a été malmené au cours des dernières semaines: l'action de catégorie B, qui avait clôturé à 8,40$ à la Bourse de Toronto le 3 septembre dernier, a clôturé hier à 4,35$. Une glissade de 48%.

Fadi Chamoun, d'UBS, affirme que cette dégelée est injustifiée, même dans l'éventualité d'une récession, qui pourrait entraîner un certain nombre d'annulations de commandes. «Plusieurs facteurs jouent en faveur de Bombardier, déclare-t-il. Cela inclut un carnet de commandes plus rempli et plus diversifié (qu'au dernier repli), un bilan plus solide et une robuste performance du côté des transports.»