Ne vous fiez pas aux Européens pour arrêter de parler des accidents de Bombardier (T.BBD.B).

Ne vous fiez pas aux Européens pour arrêter de parler des accidents de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]].

Se disant «très préoccupée», l'agence européenne de sécurité aérienne convoque «une réunion de crise» avec Transports Canada et l'avionneur montréalais.

Le titre de Bombardier a fait un atterrissage d'urgence lundi matin. À l'ouverture des marchés, il perdait 8,5%.

Mais le titre s'est en partie replacé, finissant la séance à 5,34$, en baisse de 3,4%, alors que Toronto gagnait 130 points.

Cette séance était la première après l'annonce, dimanche, par la compagnie aérienne SAS, de l'abandon de sa flotte de 27 appareils turbopropulsés.

Signe que la nouvelle en inquiète certains: plus de 15 millions de titres ont changé de mains. C'est plus du double du volume moyen habituel.

Et il ne faut pas se fier à l'agence européenne de sécurité aérienne pour calmer le jeu. Son communiqué d'hier est on ne peut plus clair: «L'AESA est très préoccupée par ce plus récent accident avec le Dash 8 Q400 et son lien possible avec d'autres accidents impliquant le Dash 8 Q400. L'AESA a demandé une rencontre d'urgence immédiate avec les responsables canadiens et le manufacturier pour discuter de l'aptitude au vol» de l'appareil.

Tant chez Transports Canada que chez Bombardier, on tentait de minimiser la portée des quelques lignes publiées par l'agence européenne.

À Ottawa, la porte-parole de Transport Canada, Lucie Vignola, indiquait même que ce type de rencontre est «quelque chose qui arrive assez régulièrement», tentant d'expliquer que le communiqué européen avait été diffusé un peu vite.

La rencontre avec les Européens aura lieu en deux temps. D'abord, ce sera au téléphone avec Transports Canada dès cette semaine, vraisemblablement demain. Pour ce qui est de Bombardier, ce sera la semaine prochaine.

Transports Canada, qui a certifié l'appareil Q400 avant qu'on ne le lance sur le marché, n'a pas demandé d'autres inspections sur les 165 appareils du même type en service sur la planète. En septembre, l'organisme fédéral avait demandé de vérifier les trains d'atterrissage.

Selon Transports Canada, SAS ne s'était pas contenté de les inspecter, mais les avait carrément changés. Et selon les premiers éléments de l'enquête qui parviennent à Ottawa, le problème de samedi vient du fait que «les portes (du train d'atterrissage) se sont ouvertes, mais le train n'est pas sorti», indique Mme Vignola.

Un autre grand client de Bombardier pour les Q400 est Horizon Air, de la côte ouest américaine, dont la flotte de 73 appareils compte pas moins de 33 Q400.

«On n'a pas eu les mêmes problèmes que SAS», indiquait lundi Bill Coniff, porte-parole de Horizon Air, à La Presse Affaires.

Il souligne toutefois que des clients ont demandé avant de monter à bord si l'appareil était un Q400. «Juste quelques-uns, peut-être deux.»

Réaction similaire chez Porter Airlines, de Toronto, qui fait état de deux annulations de billet pour cette raison.

Selon le président Robert Deluce, c'est «très inhabituel» d'avoir autant d'incidents de Q400 chez le même transporteur. Ça suggère des particularités d'exploitation ou de suivi d'entretien qui causeraient des problèmes chez SAS.

Porter attend deux autres Q400 neufs au cours des prochains mois, qui feront notamment la navette entre Toronto et Mont Tremblant au début de 2008.

Une crise de confiance?

Chez Bombardier, le porte-parole Marc Duchesne indique que d'autres transporteurs ont indiqué hier leur satisfaction face aux Q400.

Flybe (Royaume-Uni) et Austrian Airlines (Autriche) sont du nombre, eux qui ont reçu les appareils en même temps que SAS, soit ceux livrés en 2000.

N'empêche, hier, dans une note à ses clients, Joseph B. Nadol III, de JPMorgan, écrivait que «Bombardier pourrait faire face à une crise de confiance en ce qui a trait à la sécurité de ses Q400, compte tenu que SAS est un de ses plus gros clients».

Son de cloche similaire de la part de Richard Aboulafia, de Teal Group, pour qui Bombardier doit réagir. Et vite.

«C'est un appareil qui est très bien positionné, dit-il. La seule chose qui pourrait mettre en péril sa position, ce sont des problèmes de mise en marché... Bombardier doit tout faire pour garder ses clients heureux, peu importe le coût.»

La décision de SAS de ne plus utiliser ses Q400 signifie aussi que 27 appareils viennent de débarquer sur le marché de la revente. Qui est propriétaire des ces appareils: SAS ou une compagnie de location? Bombardier n'était pas en mesure de le dire lundi.

Le porte-parole de Bombardier soulignait toutefois qu'«il y aurait eu des manifestations d'intérêt» de la part d'autres transporteurs envers les Q400 de SAS.

Des compagnies qui ont déjà des commandes avec Bombardier ou de nouveaux clients? Encore une fois, mystère et boule de gomme.

Avec Martin Vallières à Toronto