Une poignée d'entrepreneurs québécois ont réussi à préserver un morceau de la future industrie gazière québécoise du grappin des multinationales.

Une poignée d'entrepreneurs québécois ont réussi à préserver un morceau de la future industrie gazière québécoise du grappin des multinationales.

Jean-Yves Lavoie, président et chef de la direction de Junex, est l'un d'eux.

«Ça prend de la ténacité. Parler avec des petits, ça ne les intéresse pas. Les grandes compagnies veulent tout acheter», confie-t-il.

Âgé de 58 ans, cet ingénieur pétrolier natif de Chicoutimi, marié et père de cinq enfants, a commencé à travailler pour Soquip en 1974. Ce travail, ainsi que bien d'autres par la suite, lui ont fait découvrir les principales régions pétrolières canadiennes et américaines.

Il fonde sa propre entreprise de forage, Ressources naturelles Jaltin, qui prospecte pour des tiers les zones propices aux hydrocarbures. M. Lavoie devient une véritable bible de l'industrie pétrolière québécoise.

En 1999, avec Jacques Aubert, il fonde la société Junex, dont le mandat est de chercher du gaz et du pétrole au Québec.

La petite société, inscrite en Bourse en 2001, est maintenant un explorateur bien structuré et qui aspire à devenir sous peu un producteur gazier.

Junex a été la première à exploiter de la saumure au Québec, à faire jaillir en Gaspésie une quantité notable de pétrole, et à produire et vendre du gaz naturel.

«Nous exploiterons un jour nos propres puits», a dit M. Lavoie à La Presse.

Il mijote bien d'autres idées, comme la séquestration de gaz à effet de serre dans des réservoirs souterrains.

Avec l'émission d'actions pour une valeur de 22 M$ (à 6,20 $ l'unité), en juin, là aussi M. Lavoie et M. Aubert ont marqué l'histoire: les quelque sept millions d'actions que chacun détient ont fait d'eux les premiers multimillionnaires sur papier du gaz naturel québécois.

Un ancien ministre dans le gaz naturel

Raymond Savoie, président et chef de la direction de Gastem, a suivi un cheminement différent mais tout aussi intéressant.

Diplomé en droit de l'Université Laval, il pratique dans la région de Val-d'Or, puis devient député en 1985. Il est promu ministre délégué aux mines, puis ministre du Revenu du Québec jusqu'en 1994.

Il travaille brièvement pour la Banque Mondiale. À l'âge de 50 ans, en 1997, il devient promoteur minier avec Ressources Arca, une expérience qu'il préfère oublier.

En 2000, il prend la tête de Ditem, une société qui explorait le diamant et qui est maintenant très active dans l'uranium. Ditem regroupe sa division pétrolière dans Gastem, qui est inscrite en Bourse depuis 2004.

Les premiers puits recèlent des traces de gaz, mais pas suffisamment. Le titre plonge. «J'ai utilisé ma carte de crédit pour la maintenir», se rappelle M. Savoie.

Sa persévérance porte fruit.

En 2005 le concept de l'exploitation des gaz naturels des shales se développe au Texas. Ce qui lui donne l'idée d'examiner les shales de l'Utica au Québec et leur prolongement aux États-Unis. Il signe des ententes avec Forest Oil.

Aujourd'hui, l'équipe de Gastem compte 14 employés, dont des géologues et des géophysiciens.

La société a ouvert un bureau à New York. Gastem retire 25 000$ à 30 000$ par mois de revenus gaziers de ses propriétés américaines.

M. Savoie possède 1,5 million d'actions (incluant les options) de Gastem. «Je n'ai jamais été très gourmand là-dessus. Je fais ça pour bâtir quelque chose», a dit M. Savoie.