L'assemblée générale annuelle de Rio Tinto, le nouveau propriétaire d'Alcan, a été longue et mouvementée jeudi à Londres.

L'assemblée générale annuelle de Rio Tinto, le nouveau propriétaire d'Alcan, a été longue et mouvementée jeudi à Londres.

La haute direction a essuyé des critiques venant des quatre coins du monde. Deux députés québécois ont aussi fait entendre leurs voix.

Un chef tribal de Papouasie couvert d'un chapeau traditionnel, un Argentin de Mendoza, une Amérindienne du Michigan et deux députés québécois: la haute direction de Rio Tinto en a vu de toutes les couleurs jeudi lors de l'assemblée générale annuelle de la société à Londres.

Comme Rio Tinto a battu des records financiers l'année dernière, les questions des actionnaires ont essentiellement porté sur le bilan environnemental et social de la troisième société minière au monde.

Si le chef Benny Wenda, de Papouasie, avait des critiques acerbes à formuler, les deux députés du Saguenay-Lac-Saint-Jean se sont montrés passablement plus conciliants.

«Nous sommes là en tant que partenaires, pour défendre et représenter le Lac-Saint-Jean et le Québec, a expliqué à La Presse le député péquiste de Jonquière Sylvain Gaudreault. C'est la première fois que l'assemblée générale d'Alcan ne se déroule pas à Montréal, cela nous paraît important d'être là pour faire valoir qu'il y a un territoire qui s'appelle Québec.»

Un des premiers à agiter son carton rose pour poser une question, le député bloquiste de Chicoutimi, Robert Bouchard, avait plusieurs demandes pour la haute direction de Rio Tinto.

Il souhaitait notamment qu'elle s'engage à fournir de l'aluminium liquide à prix préférentiel aux entrepreneurs locaux.

«Je ne pense pas que vous devriez vous inquiéter de notre engagement envers la région», a répondu le président de Rio Tinto, Paul Skinner.

Son collègue Dicks Evans - anciennement d'Alcan -, a toutefois refusé catégoriquement d'accorder un tarif préférentiel pour de l'aluminium liquide. «Nous croyons aux prix du marché», a-t-il soutenu.

Par la suite, Sylvain Gaudreault a sensiblement obtenu la même réponse lorsqu'il a demandé l'instauration d'un plancher d'emplois. «Nous ne sommes pas en position de pouvoir faire des promesses d'emplois pour l'éternité», a rétorqué Paul Skinner.

Déçus des réponses lors de l'assemblée, les deux députés se sont consolés en obtenant une promesse de rencontre avec la direction de Rio Tinto au début de l'été au Québec. Ils espèrent ainsi mieux faire valoir les intérêts de leur région.

«En leur parlant, je me suis rendu compte à quel point l'énergie du Québec représente un gain important pour eux dans la lutte aux gaz à effet de serre. On aide Rio Tinto à atteindre ses objectifs», a souligné Sylvain Gaudreault.

Si l'entreprise australo-britannique parvient à obtenir des gains à la bourse du carbone grâce à l'énergie «propre» du Québec, le péquiste compte demander des retombées pour la province.

Bien que les activités - et les difficultés environnementales - de Rio Tinto aux quatre coins du monde aient dominé les discussions, l'acquisition d'Alcan par la multinationale a été abondamment discutée. Paul Skinner a d'ailleurs ouvert l'assemblée en se félicitant de cette acquisition.

Plusieurs actionnaires ont toutefois souligné que l'achat d'Alcan a endetté considérablement Rio Tinto, forçant cette dernière à se départir de certains actifs.

Jeudi, les rumeurs d'une troisième offre d'achat de la part de BHP Billiton ne cessaient de prendre de l'ampleur à Londres.

Cette possibilité inquiétait le député Sylvain Gaudreault: «Depuis le rachat d'Alcan, on a l'impression d'être un pion. Si Rio Tinto devait être racheté à son tour, là, on ne serait qu'un petit pion.»

Outre des résolutions techniques, les actionnaires ont voté hier pour confirmer la nomination de trois Canadiens (Paul Tellier, Yves Fortier et Dick Evans) au sein du conseil d'administration de Rio Tinto.

Ces derniers ont d'ailleurs dû défendre le bilan du Canada à l'égard des droits des autochtones devant les actionnaires.