Huit ans plus tard et après avoir déboursé 1,3 milliard de dollars, la Bourse de Toronto (T.X) est sur le point d'atteindre son but, soit de devenir la seule et unique place boursière au Canada.

Huit ans plus tard et après avoir déboursé 1,3 milliard de dollars, la Bourse de Toronto [[|ticker sym='T.X'|]] est sur le point d'atteindre son but, soit de devenir la seule et unique place boursière au Canada.

Le président du Groupe TSX, Richard Nesbitt, et celui de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]], Luc Bertrand, se sont félicités lundi d'avoir mené à terme les longues et laborieuses négociations qui mèneront au regroupement des deux entreprises au début de 2008.

«Montréal gagne la pérennité, et la reconnaissance de ce qu'elle a bâti au cours des huit dernières années», a assuré Luc Bertrand lors d'une téléconférence. Son vis-à-vis Richard Nesbitt, pour sa part, a reconnu que la transaction est l'aboutissement d'un processus entamé en 1998 lorsque les trois Bourses canadiennes ont convenu de se spécialiser.

Depuis, la Bourse de Vancouver, spécialisée dans les petites capitalisations, a été rachetée par Toronto, et c'est maintenant au tour de la Bourse de produits dérivés de Montréal.

Toronto avait porté un dur coup récemment à la Bourse de Montréal en signant avec Standard & Poor's une entente sur l'utilisation exclusive des indices liés aux options à partir de 2009, soit à la fin de la trêve de 10 ans entre les deux Bourses.

La perte probable de ces produits, qui compte pour 10% des transactions à la Bourse de Montréal, avait plombé son titre en Bourse.

Toronto offre une demi-action du groupe TSX plus 13,95$ comptant, soit l'équivalent de 39$ l'action selon le cours de l'action du Groupe TSX le 28 novembre dernier, avant l'annonce d'une reprise des négociations entre les deux entreprises le 28 novembre dernier.

L'action de la Bourse de Montréal a clôturé hier à 40,18$, en hausse de 2,98$, ce qui laisse croire que le marché s'attend à une surenchère.

Le New York Mercantile Exchange (NYMEX), qui vient d'acheter une participation de 10% dans la Bourse de Montréal, et l'Intercontinental Exchange (ICE), sont considérés comme des intéressés qui pourraient renchérir.

Ce scénario est jugé très peu probable par Michel Nadeau, directeur général de l'Institut pour la gouvernance des organisations publiques et privées, parce que la direction de la Bourse de Montréal a déjà accepté de céder ses actions et de verser 46 millions si la transaction ne se réalise pas.

«Une offre d'achat hostile dans ces conditions est très improbable», a-t-il dit lors d'un entretien téléphonique.

L'ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt trouve toutefois que le prix offert n'est pas assez élevé.

«Je m'attendais à 45$ l'action», a avancé Michel Nadeau, qui souhaite qu'un comité indépendant soit mis sur pied par la Bourse de Montréal pour évaluer l'offre d'achat et faire une recommandation aux actionnaires.

La transaction a suscité également l'inquiétude du président de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau, qui s'interroge sur les intentions des acheteurs sur le développement des activités au Québec et sur ce que deviendra le centre de décision.

La ministre des Finances Monique Forget, La ministre des Finances Monique Jérôme-Forget, pour sa part, a demandé à l'Autorité des marchés financiers de tenir des audiences publiques sur la transaction projetée, ce qui devrait se faire en février.

Le gouvernement québécois n'a pas d'objection à la réalisation de la transaction.

«Les chances de Montréal d'obtenir la Bourse du carbone viennent d'augmenter substantiellement», a commenté lundi le premier ministre Jean Charest.

L'ancien premier ministre Bernard Landry, de son côté, estime que la transaction renforce la vocation de Montréal, qui deviendra «la capitale indiscutée» des produits dérivés.

Pour Michel Nadeau, toutefois, les engagements de Toronto envers Montréal doivent être mis par écrit. «Tant que Luc Bertrand reste en poste, ce n'est pas inquiétant, mais il n'est pas éternel, c'est pourquoi il faut des engagements écrits», a-t-il dit.

Selon l'entente rendue publique hier, le Groupe TSX contrôlera 81% des actions de l'entité fusionnée qui prendra le nom de TMX. Le siège social de TMX sera situé à Toronto et son conseil d'administration comptera obligatoirement 25% de membres provenant du Québec.

Les deux entreprises prévoient économiser 25 millions par année en mettant leurs activités en commun. Ni Richard Nesbitt ni Luc Bertrand n'ont voulu préciser lundi d'où viendront ces économies, mais on peut déjà prévoir que la Bourse de Toronto fermera ses bureau de la rue Sherbrooke Ouest après la clôture de la transaction. La Bourse de Montréal a 225 employés et le Groupe TSX en a 610.

Le titre du Groupe TSX a perdu 3,34$, soit 5,8% de sa valeur lundi, pour finir la journée à 53,88$.