De Las Vegas à Macao, rien ne va plus dans le monde des casinos, frappé au coeur par la crise économique et victime de faillites, chute des revenus, projets d'hôtels gelés, licenciements, touristes moins nombreux et, surtout, moins dépensiers.

De Las Vegas à Macao, rien ne va plus dans le monde des casinos, frappé au coeur par la crise économique et victime de faillites, chute des revenus, projets d'hôtels gelés, licenciements, touristes moins nombreux et, surtout, moins dépensiers.

Épargnés jusqu'à cette année par la tourmente financière, les casinos de Las Vegas, la capitale du jeu américaine, dans le Nevada, enchaînent les déboires, comme tous les autres secteurs de l'économie.

«C'est l'un des plus sévères déclins jamais vus dans l'histoire» des casinos, affirme Brian Gordon, analyste du secteur chez Applied Analysis.

Ce que craint Wall Street, «c'est que la récession mondiale affecte les secteurs des jeux et des voyages de loisirs», poursuit-il.

Les données les plus récentes sont moroses: en septembre, les visiteurs ont été 10,1% moins nombreux qu'en septembre 2007 à Las Vegas. Et ceux qui ont pris une chambre dans la «ville du péché» l'ont payée 21% moins cher qu'un an plus tôt, selon l'Autorité des Congrès et des visiteurs de Las Vegas (LVCVA).

Les établissements du Strip, ce boulevard bordé d'excentriques hôtels-casinos géants, ont enregistré une baisse de 5,2% de leurs chiffres d'affaires, comparé à septembre 2007.

Résultat, la Bourse a sanctionné tous les grands propriétaires de casinos: l'action de Las Vegas Sands (LVS) a chuté de 95%, celle de Wynn Resorts (WYNN) de 71%, le titre de MGM Mirage (MGM) de 88% et celui de Boyd Gaming (BYD) de 90% sur un an.

LVS a annoncé mi-novembre que 11 000 travailleurs du bâtiment risquaient d'être licenciés à Macao, où le géant américain du jeu a été contraint de suspendre la construction d'un hôtel et de trois casinos, faute de liquidités.

LVS a également gelé des projets à Las Vegas et en Pennsylvanie. Le PDG et actionnaire majoritaire de LVS, Sheldon Adelson, classé troisième fortune américaine l'an dernier par le magazine Forbes, a perdu cette année 34 G$ US.

Et Las Vegas Sands n'est pas le seul à souffrir. Boyd Gaming a dû aussi arrêter la construction d'un projet pharaonique de 5 G$ US sur le Strip, baptisé Echelon, en avouant n'envisager le reprendre qu'en fin de 2009, au plus tôt.

MGM Mirage, le plus gros groupe américain du secteur, avec dix établissements sur le Strip, a dû se séparer de 8% de son personnel dans le Nevada.

La compagnie a également dans son escarcelle cinq gratte-ciel sur le Strip, qui lui ont coûté la bagatelle de 11,2 G$ US. Mais elle n'a reçu d'offres au troisième trimestre que pour 32 appartements. Quelque 1300 restent à vendre. MGM Mirage a aussi gelé un projet de construction d'un second complexe d'hôtels-casinos à Macao.

«Ce que nous vivons là est unique,» reconnaît Alan Feldman, vice-président de MGM Mirage. «Les affaires n'étaient pas formidables cette année, mais cela allait quand même. Puis en juillet et août, nous avons vraiment commencé à sentir la pression et le fond a été atteint en septembre,» explique-t-il.

Aujourd'hui, les établissements de Las Vegas tirent 60% de leurs revenus d'autres sources que les jeux proprement dits: chambres d'hôtel, magasins, restaurants et spectacles.

Lors de la dernière période de déprime économique, au début des années 1990, les revenus hors casinos représentaient 42%.

«Historiquement, Las Vegas était une destination bon marché et seul le jeu était coûteux,» rappelle Keith Schwer, de l'université du Nevada, à Las Vegas.

Mais ces derniers temps, tout a augmenté, reconnaît-il, et Las Vegas ne devrait plus être «une destination compétitive pour les prix, comme par le passé.»