Alors que Pierre Marc Johnson fait ses bagages pour la Chine, où il dirigera la délégation québécoise en mission économique, une étude rendue publique cette semaine par la firme SECOR remet les pendules à l'heure.

Alors que Pierre Marc Johnson fait ses bagages pour la Chine, où il dirigera la délégation québécoise en mission économique, une étude rendue publique cette semaine par la firme SECOR remet les pendules à l'heure.

Le Québec n'a pas été en mesure de profiter du boum économique chinois au cours des dernières années, concluent les auteurs. Entre 2002 et 2007, les exportations québécoises vers la Chine ont baissé, passant de 654 à 617 millions de dollars.

Pendant la même période, des pays avec des économies comparables au Québec ont augmenté leurs exportations vers la Chine de façon significative.

Les exportations vers la Chine représentent 0,3% de notre produit intérieur brut (PIB). Pour la Finlande, qui a un PIB légèrement inférieur à celui du Québec, elles représentent 1,6%, et sont en augmentation de 20% depuis cinq ans.

Les causes

Plusieurs facteurs sont montrés du doigt pour expliquer la piètre performance québécoise sur les marchés chinois.

«Il y a une pléiade de raisons, dit Louis J. Duhamel, associé chez SECOR Taktik et responsable de SECOR Asia. Notamment, le fait que, pendant plusieurs années, nos entreprises sont allées au plus facile en se concentrant sur les États-Unis. Quand la hausse du dollar diminue notre compétitivité, on constate leur besoin criant de diversifier leurs marchés.»

Par ailleurs, la Chine a trop longtemps été vue sous l'angle de l'approvisionnement et de la délocalisation. «On achète, on fabrique et on investit en Chine, mais on ne pense pas à vendre, dit M. Duhamel. C'est un aspect presque complètement occulté.»

Il faut dire que beaucoup d'entrepreneurs ne savent pas comment s'y prendre. Ils ne connaissent pas les réseaux de distribution, croient que c'est trop compliqué et baissent les bras avant même de commencer, ajoute Mathieu Ouellet, directeur chez SECOR.

Les besoins chinois

Pour répondre à ses besoins, la Chine importe de plus en plus de produits à forte valeur ajoutée, qu'elle n'est pas encore en mesure de produire.

«Il y a plusieurs années, la Chine importait beaucoup de produits de base, dit Mathieu Ouellet. Aujourd'hui, elle a développé sa base industrielle et en importe moins, à l'exception des matières premières.»

Ici encore, le Québec n'est pas dans la course. Il y exporte surtout des produits à faible valeur ajoutée, comme du bois ou du minerai. «On n'a pas capitalisé sur notre savoir pour l'exporter vers la Chine. Pourtant, nous avons ici des entreprises qui font des produits sophistiqués. On n'en profite pas», dit M. Ouellet.

En examinant le 11e plan quinquennal chinois, l'étude identifie quatre secteurs sur lesquels les entreprises québécoises devraient miser pour vendre leurs produits et leurs services. Dans les prochaines années, la Chine mettra l'accent sur ces éléments structurels.

D'abord, elle veut combler son retard technologique. Pour ce faire, elle implantera un programme national pour le développement scientifique en consacrant 2,5% de son PIB à la recherche et au développement.

Pour soutenir sa croissance, elle continuera à améliorer ses infrastructures. Pour la période de 2006 à 2010, des investissements de plus de 520 milliards US dans les réseaux de transport sont prévus.

De plus, en raison de ses difficultés à combler ses besoins énergétiques, la Chine veut modifier ses habitudes de consommation, améliorer l'efficacité énergétique et moderniser ses installations industrielles.

Et malgré tout ce qu'on peut en dire, le gouvernement chinois a aussi une volonté d'améliorer l'environnement. Mais il ne dispose pas des entreprises et de l'expertise nécessaires. Il vise à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES), à traiter 70% des eaux usées et à améliorer la qualité de l'air dans les villes.

Autant d'occasions d'affaires à saisir pour le Québec.