Les marchés financiers se préparent à une semaine très difficile face à une crise financière historique qui continue d'enfoncer l'économie mondiale dans la récession.

Les marchés financiers se préparent à une semaine très difficile face à une crise financière historique qui continue d'enfoncer l'économie mondiale dans la récession.

«Si la chute des Bourses a pour origine les craintes d'une récession internationale, alors la semaine prochaine sera très mauvaise. Le calendrier économique est rempli d'indicateurs qui seront uniformément atroces», a averti vendredi à New York l'analyste Carl Weinberg, de High Frequency Economics.

Les investisseurs surveilleront de près la publication jeudi de la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre, attendu en recul, qui sera précédé de plusieurs indices macro-économiques aux Etats-Unis et en Europe.

Les marchés attendent également une avalanche de résultats et perspectives d'entreprises américaines, européennes et japonaises, en général pessimistes.

A New York, ce seront ExxonMobil, la première capitalisation du Dow Jones, Kraft Foods ou encore Procter & Gamble. Egalement annoncés, les géants pétroliers BP et Shell à Londres.

A Francfort, Lufthansa, Bayer, puis Deutsche Bank ou encore Volkswagen. A Paris, Alcatel-Lucent, France Télécom, Michelin, L'Oréal et Pernod Ricard. Après un avertissement sur Sony vendredi, la saison des résultats trimestriels s'ouvre également lundi au Japon.

«De la peur à l'état pur» inspire les marchés, analysait vendredi à New York Gina Martin, de Wachovia Securities, alors que les grandes Bourses mondiales (New York, Tokyo, Londres, Paris) sont retombées à leur niveau du printemps 2003 à l'issue de quatre semaines de krach.

La Réserve fédérale américaine devrait encore abaisser son taux directeur mercredi, actuellement fixé à 1,5%, et le gouvernement japonais a annoncé dimanche qu'il était prêt à multiplier par cinq, jusqu'à 110 milliards de dollars, le montant à injecter dans les banques du pays en difficulté.

Mais face à des marchés pris de panique qui ont largement ignoré les plans massifs d'intervention des banques centrales et les programmes d'aide américain ou européen aux secteurs bancaires, ces mesures risquent de peser de peu de poids.

Pointés du doigt vendredi par la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, les hedge funds (fonds spéculatifs) n'ont pas fini d'agiter les marchés, en vendant en masse leurs titres pour recouvrer des liquidités afin de se désendetter, estimaient les opérateurs.

Dans cette tactique de la terre brûlée, le secteur des «hedge funds» a fondu de plus de 10%, perdant 210 milliards de dollars au troisième trimestre, avec des actifs au niveau mondial estimés à quelque 1 720 milliards de dollars.

«Une partie de cette industrie est en train de mourir, peut-être la moitié. Donc, ils liquident leurs actifs en catastrophe, dans une peur animale, et sans considération pour les nouvelles économiques», selon Eric Galiègue, directeur du cabinet d'analyse Valquant.

Seules ouvertes le dimanche, les Bourses des monarchies pétrolières du Golfe naviguaient en baisse. A l'ouverture, Dubai perdait 5%, Abu Dhabi 3%, Koweit 2,4%. Le plus gros marché local, Ryad, qui avait perdu 8,7% samedi, cédait environ 2% peu après son ouverture.

Dans l'attente du grand sommet du G20 de Washington le 15 novembre visant à réformer le système financier mondial, les inquiétudes continuaient de se propager à l'économie réelle dans le monde entier.

Le gouverneur de la Banque centrale de Chine a indiqué dimanche que la Chine, sans sous-estimer l'impact de la crise, disposait d'une économie assez forte pour la surmonter, mais dans le sud du pays des milliers d'usines sont menacées de fermeture à court terme.

La riche province du Guangdong, dédiée aux manufactures tournées vers l'export, devrait perdre 9000 de ses 45 000 usines installées dans la région de Canton, Dongguan et Shenzhen d'ici fin janvier, selon des estimations basées sur un rapport de l'Association des entreprises à capitaux étrangers de Dongguan.

En Amérique latine, les ministres des Finances et les présidents des banques centrales du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) tiennent lundi une réunion de crise pour faire face à la tempête financière.

«Personne n'a de réponse immédiate. Nous n'avons pas l'illusion que nous allons résoudre tous les problèmes», a averti le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim, hôte de cette réunion extraordinaire qui intervient après une semaine noire pour les marchés latino-américains, notamment au Brésil et en Argentine.

Au Brésil, l'annonce par la banque centrale d'une nouvelle injection de 50 milliards de dollars pour soutenir le real n'a eu que peu d'effet, tandis que le projet argentin de nationaliser le système privé de retraites a aggravé l'agitation des marchés, jusqu'à Madrid.

En revanche, les pays du Golfe ont «réaffirmé leur confiance dans la stabilité» du système financier régional, samedi à l'issue d'une réunion extraordinaire à Ryad.

Les six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) s'attendent à ce que «les économies du Golfe continuent de croître à un bon niveau», malgré la chute des cours du pétrole, principale source de revenu, tombé vendredi sous les 65 dollars le baril, loin des 147 dollars de juillet dernier.

Le gouvernement koweïtien a néanmoins formé dimanche un groupe de travail spécial sur la crise financière et annoncé préparer un projet de loi «pour garantir les dépôts dans les banques locales».

Gulf Bank, second établissement de prêts du Koweit, venait d'annoncer avoir subi «des pertes» dans des transactions sur des produits dérivés et a suspendu sa cotation à la Bourse.