Au-delà des courbes de la Bourse, la crise financière a un impact réel sur les entreprises québécoises. Si un géant comme SNC-Lavalin estime pouvoir traverser sereinement la tempête, ce n'est pas le cas de plusieurs PME qui doivent trouver des fonds pour assurer leur survie.

Au-delà des courbes de la Bourse, la crise financière a un impact réel sur les entreprises québécoises. Si un géant comme SNC-Lavalin estime pouvoir traverser sereinement la tempête, ce n'est pas le cas de plusieurs PME qui doivent trouver des fonds pour assurer leur survie.

Malgré la crise financière, le géant montréalais de l'ingénierie SNC-Lavalin est en bonne posture pour résister au ralentissement économique, affirme son président.

Et ce, même si plus du tiers (40%) de ses affaires sont dans les secteurs des matières premières et du pétrole, dont les prix ont rechuté fortement depuis quelques mois.

"C'est ce qu'on surveille le plus. Ces prix qui baissent, ça pourrait susciter plus de prudence parmi les entreprises qui ont des projets", a admis Jacques Lamarre, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, lors d'une entrevue avec La Presse.

"Mais à date, les bons projets parviennent à se financer. Et dans notre carnet de commandes, tous les projets sont bien financés. Nous ne voyons pas encore l'impact de la crise bancaire."

Par ailleurs, si l'industrie des matières premières freinait brusquement ses investissements, le président de SNC-Lavalin a confiance envers le potentiel des projets d'infrastructures.

"Partout dans le monde, les populations réclament de meilleures infrastructures de services publics, de transport et d'énergie. Il y a beaucoup de projets, même ici au Canada et au Québec, souligne M. Lamarre.

"Et même au Moyen-Orient qui dépend des revenus pétroliers, il y a encore beaucoup d'argent pour des projets d'infrastructures. Le baril de pétrole à moins de 70$US rapporte moins qu'il y a quelques mois, mais beaucoup plus qu'il y a quelques années."

Plutôt optimiste, le président de SNC-Lavalin?

"Nos affaires sont bien diversifiées au niveau mondial. Nos résultats seront donc les derniers à souffrir d'une mauvaise conjoncture, insiste Jacques Lamarre.

"Néanmoins, nous devons être proche de nos affaires et nous ajuster rapidement aux impacts de la crise financière. La beauté d'une entreprise de services comme la notre, c'est qu'on peut déplacer notre monde selon la situation des marchés."

L'effectif total de SNC-Lavalin est rendu à 25 000 employés, mais dont la moitié travaillent au Canada.

Doute boursier

Malgré l'optimisme du président de SNC-Lavalin, les investisseurs boursiers, eux, semblent douter de ses prochaines perspectives d'affaires.

Ils ont laissé choir de moitié la valeur de ses actions depuis leur sommet de 61$, en juin dernier. Et hier encore, elles ont reculé de 7% jusqu'à 30,25$, à leur plus bas depuis la mi-mars 2006.

"Nos actions ont baissé, certes, mais beaucoup moins que celles de nos principaux concurrents internationaux, selon Jacques Lamarre.

"De toute façon, la valeur de nos actions, j'y consacre à peine 5% de mon temps. Le plus important, c'est la gestion et la direction de l'entreprise."

Mais ce déclin boursier augmente-t-il le risque d'une offre d'achat opportuniste sur SNC-Lavalin, dont l'actionnariat est très diffus?

"On stresse pas avec ça, même qu'on nous a déjà approchés. Tant que nous, les dirigeants, ne voudront pas vendre, personne ne pourra faire une transaction qui fonctionne", soutient M. Lamarrre.

D'ailleurs, le président de SNC-Lavalin dit appliquer la même formule des "intérêts convergents" lorsqu'il prépare l'acquisition de firmes spécialisées.

"Le plus important, c'est que les gens d'une firme qui nous intéresse veulent travailler avec nous. C'est comme ça que nous faisons nos acquisitions et il y en aura d'autres", selon M. Lamarre.

Pour les actionnaires de SNC-Lavalin, dont un grand nombre de ses employés, le prochain rendez-vous financier aura lieu le 31 octobre, avec les résultats du troisième trimestre.

Ils surveilleront aussi son carnet de commandes, important indicateur avancé des prochains revenus et bénéfices.

Au dernier compte, au 30 juin, ce carnet cotait à 9,4 milliards, 600 millions de moins qu'au trimestre précédent. Aussi, il était réduit de 1,1 milliard ou 10% par rapport au deuxième trimestre correspondant, un an plus tôt.

En contrepartie, les récents résultats de SNC-Lavalin demeuraient enviables: bénéfice net trimestriel en forte hausse de 83% en un an même si la progression des revenus avait ralenti à 1%.

Sur une base annualisée, au 30 juin, SNC-Lavalin affichait un bénéfice net plus que doublé (+142%) en un an. Les revenus, eux, étaient en bonne hausse de 22% à 7,2 milliards$.

Parmi les analystes qui surveillent SNC-Lavalin, la confiance demeure bonne malgré l'orage économique mondial.

Ils misent sur une hausse de 23% du bénéfice par action pour le troisième trimestre, terminé le 30 septembre. Pour tout l'exercice 2008, les analystes s'attendent à un bénéfice net doublé par rapport au précédent.

Sur cette lancée, la plupart des neuf analystes recensés par l'agence Bloomberg recommandent l'achat des actions de SNC-Lavalin.