La débandade boursière observée ces dernières semaines a permis de mettre au jour des occasions d'achat inespérées sur les marchés. À commencer par le secteur bancaire canadien dont la valeur des titres a glissé de 20% depuis le début de l'année.

La débandade boursière observée ces dernières semaines a permis de mettre au jour des occasions d'achat inespérées sur les marchés. À commencer par le secteur bancaire canadien dont la valeur des titres a glissé de 20% depuis le début de l'année.

On le redit, notre système bancaire ne peut être comparé avec son vis-à-vis américain. Au pays, six banques dominent outrageusement le marché d'un océan à l'autre. Aux États-Unis, plus de 7000 établissements avaient récemment pignon sur rue.

Au sud de la frontière, la crise du crédit a surtout mis en lumière l'endettement chronique des ménages américains avec le résultat que l'on connaît. Des centaines de milliers de propriétaires de maisons n'ont maintenant plus les moyens d'honorer leurs hypothèques.

Au Canada, la situation est différente. Les produits hypothécaires offerts par les banques n'ont jamais permis des dérives du genre «payer seulement les intérêts au cours des 10 premières années de votre terme de 40 ans», par exemple.

Cette année, les six plus grandes banques -la Banque Royale, la Banque CIBC, la Banque de Montréal, la Banque Toronto-Dominion, la Banque Scotia et la Banque Nationale- devraient engranger un bénéfice net de près de 10 milliards de dollars. On est donc loin des saignées colossales annoncées par les banques américaines.

Alors, on achète? Absolument, répond l'analyste Michel Tessier, de la Banque Laurentienne. «On a ici des sociétés qui, à long terme, demeureront de très belles machines à imprimer de l'argent», signale-t-il.

Selon ce dernier, le système bancaire canadien jouit d'un monopole qui n'est pas à la veille d'être remis en question. Car si les bas taux d'intérêt servent à attirer des clients, les banques se reprennent aussitôt sur des services connexes très payants.

Des profits à la Royale

Malgré des provisions pour pertes de 976 millions enregistrées depuis le 1er janvier, la Banque Royale a réussi à dégager des profits 3,4 milliards au cours des neuf premiers mois de 2008. Tout cela, en continuant d'offrir un dividende annuel de 2$ l'action.

Il y un an, la performance financière du secteur permettait à ces titres de s'échanger sur les marchés à un multiple de 15 à 16 fois les profits. Hier, plusieurs titres pouvaient être achetés à des ratios variant entre 11 et 13 fois les bénéfices.

Dans le cas de la Banque Royale, le titre qui valait il y a un an 54$ est tombé le 10 octobre à 41$. Depuis, l'action de la plus importante banque canadienne s'est ressaisie. Hier, le titre a terminé à 48,31$.

D'ici un an, Michel Tessier croit que le titre de la Royale vaudra 60$. Il soutient que le cours actuel reflète surtout la déprime des investisseurs envers le secteur. "Mais dans le cas de de, insiste-t-il.

Il faut savoir que depuis 1983, le secteur bancaire canadien a encaissé trois vilaines corrections. Chaque fois, la valeur des titres des banques a chuté d'au moins 30%. Et chaque fois, le secteur bancaire a rebondi de façon spectaculaire (10% par année) après la déroute.

Mais attention, prévient l'analyste André-Philippe Hardy, de RBC Marchés des capitaux, la tempête n'est peut-être terminée. Il s'attend à voir d'autres mouvements de volatilité élevés sur les titres de banques au cours des prochains mois à mesure que les pertes pour mauvaises créances seront dévoilées.

L'analyste note que les prix très alléchants des titres bancaires en ce moment devraient donner suite à un rallye boursier. Soutenable? Pas certain, ajoute-t-il.

La TD bien placée

Chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), Michael Goldberg estime que la Banque Toronto-Dominion (TD) est la mieux placée au Canada pour générer des revenus durables à plus long terme.

Selon ce dernier, la TD a été moins touchée par les autres banques dans ce que l'on peut appeler la turbulence des marchés. «De plus, écrit-il dans sa plus récente note de recherche, l'intégration de la Commerce Bancorp aux États-Unis par la TD va mieux que prévu.»

Chemin faisant, l'analyste de VMD croit que le titre de la TD devrait très bien faire au cours de la prochaine année. Il fixe un prix cible de 81,50$ sur le titre qui a clôturé hier à 57,03$.