La maison d'édition indépendante Écosociété, qui a publié le livre Noir Canada, dénonçant les pratiques de compagnies aurifères canadiennes en Afrique, fait face à une nouvelle poursuite en diffamation de 5 M$ intentée par la minière Banro Corporation.

La maison d'édition indépendante Écosociété, qui a publié le livre Noir Canada, dénonçant les pratiques de compagnies aurifères canadiennes en Afrique, fait face à une nouvelle poursuite en diffamation de 5 M$ intentée par la minière Banro Corporation.

Écosociété est déjà confrontée à une première poursuite de 6 M$ déposée par Barrick Gold à la suite de la publication du livre.

Selon l'éditeur, il s'agit dans les deux cas de poursuites-bâillon, aussi connues sous le nom de SLAPP (Strategic Lawsuit Against Public Participation).

Plusieurs organismes et personnalités publiques se sont rangées derrière Écosociété ces dernières semaines pour réclamer l'adoption d'une loi interdisant de telles poursuites qui, disent-ils, ont pour seul but de tuer le débat public dans l'oeuf.

Une demande formelle a été déposée au bureau du ministre de la Justice, Jacques Dupuis.

Selon les documents de la Cour supérieure de l'Ontario obtenus par Cyberpresse, Banro Corporation, basée à Toronto, reproche à Écosociété et aux auteurs Alain Deneault, Depphine Abadie et William Sacher d'avoir délibérément et en toute connaissance de cause écrit des faussetés à son sujet, en affirmant notamment que ses administrateurs ont fraudé le gouvernement congolais, exporté illégalement des milliers de tonnes de minerais, participé à des homicides involontaires et négocié avec les forces rebelles du Congo Est pour obtenir des avantages financiers.

Ces déclarations étaient dans bien des cas basées sur des documents déjà publiés, que Banro juge diffamatoires.

«Les défendants ont malicieusement publié ces affirmations sans avoir les moindres qualifications et sans même chercher à obtenir la version des faits de Banro», lit-on.

La minière canadienne réclame aussi une injonction forçant le retrait immédiat du livre des tablettes.

L'auteur Alain Denault croit quant à lui qu'il n'avait pas à contacter Barrick Gold et Banro avant de publier le livre puisque « leurs positions étaient bien connues ». « On a cité des sources très sérieuses, dont des rapports de Humans Rights Watch et de l'ONU. Qu'est-ce qu'il y a d'erroné là-dedans. Nous avons seulement exposé des faits qui étaient connus. »