Au Canada, les gares sont bondées. Et pour cause: comme près d'un train sur quatre arrive en retard, les proches des voyageurs doivent attendre sagement dans le hall des gares de VIA Rail.

Au Canada, les gares sont bondées. Et pour cause: comme près d'un train sur quatre arrive en retard, les proches des voyageurs doivent attendre sagement dans le hall des gares de VIA Rail.

En 2007, 23% des trains de VIA Rail sont arrivés à destination avec un retard important, selon le dernier rapport annuel de la société d'État, remis à la Chambre des communes la semaine dernière et que La Presse a obtenu.

Dans l'ensemble du pays, il s'agit d'une hausse des retards de 7% par rapport à l'année précédente. Selon VIA Rail, cette première hausse depuis trois ans est inacceptable. «Nous ne sommes pas satisfaits et nous devons absolument faire mieux», dit Malcolm Andrews, chef principal des communications de VIA Rail.

VIA Rail estime que la plupart des retards sont attribuables aux décisions du CN, qui exploite 90% des chemins de fer empruntés par ses trains. En cas de conflit d'horaires, le CN donne la priorité aux trains de marchandises plutôt que de laisser passer les trains de passagers de VIA Rail.

«Le CN est toujours la première cause de nos retards, dit Malcolm Andrews. Nous travaillons étroitement avec le CN afin d'améliorer la situation. Tous les problèmes ne sont pas résolus, mais nous avons bon espoir de remédier à la situation en 2008.»

Les trains les plus ponctuels sont ceux du corridor Québec-Windsor, qui arrivent en retard dans 22% des cas. Il s'agit d'une hausse des retards de 7% par rapport à 2006. Dans l'est du pays, le taux de retard est de 27%, en hausse de 1%.

Dans l'Ouest, c'est la catastrophe: le taux de retard atteint 76%, en hausse de 26%.

«L'économie de l'Ouest canadien va très bien, ce qui fait en sorte qu'il y a davantage de trains de marchandises, dit Malcolm Andrews. Nous allons bientôt ajuster nos horaires dans l'Ouest afin d'allonger la durée de nos trajets. Nous ne pouvons pas publier une heure d'arrivée et ne jamais la respecter.»

Plus de clients, distances plus courtes

Malgré ses problèmes de ponctualité, VIA Rail a transporté 4,18 millions de personnes en 2007, soit 90 000 de plus que l'année précédente.

Les clients de VIA Rail ont toutefois pris l'habitude de parcourir des distances plus courtes, conséquence de la hausse du dollar canadien, selon la société d'État fédérale: «Le dollar a eu un effet négatif sur la popularité de nos trajets longue distance, dit Malcolm Andrews. Moins d'Américains ont visité le Canada en train et plus de Canadiens ont décidé de passer leurs vacances ailleurs que dans leur pays.»

Pour la troisième année consécutive, le taux d'occupation des trains de VIA Rail atteint 55%.

«Nous aimerions avoir un taux d'occupation plus élevé, mais il faut considérer que nous avons des passagers qui montent et qui descendent tout le long d'un trajet, dit Malcolm Andrews. Ce n'est pas comme en avion. En plus, nous avons comme mandat d'assurer des trajets qui sont moins populaires, comme Montréal-Senneterre, au Québec, ou Sudbury-White River, en Ontario. Nous ne nous en plaignons pas, bien au contraire, mais ça a un effet sur notre taux d'occupation.»

En 2007, les contribuables canadiens ont financé 41% du budget d'exploitation de VIA Rail. La société d'État a reçu 200 millions de dollars du gouvernement fédéral afin de couvrir ses dépenses d'exploitation, qui se sont chiffrées à 486 millions.

En octobre dernier, le gouvernement fédéral a annoncé une subvention supplémentaire de 692 millions à VIA Rail, dont 516 millions afin de rénover les voitures du corridor Québec-Windsor.

Samedi, le ministre fédéral des Transports, Lawrence Cannon, n'a pas voulu commenter le rapport annuel de VIA Rail.

Aux États-UnisAux États-Unis, les trains arrivent-ils davantage à l'heure? Oui et non. En 2007, VIA Rail a été plus ponctuelle que sa rivale Amtrak, dont le taux de retard a été de 28% dans l'ensemble du territoire américain (comparativement à 23% pour VIA Rail).

Dans l'est du pays, les Américains sont toutefois mieux servis: seulement 18% des trains sont en retard, comparativement à 22% au Canada. Le train rapide Acela Express, qui relie Washington, Philadelphie, New York et Boston en six heures et demie, a un taux de retard de seulement 14%.