Une PME de Québec veut profiter du boom de l'Alberta.

Une PME de Québec veut profiter du boom de l'Alberta.

À l'heure où le prix du brut explose, Opsens a mis au point un capteur optique pour extraire davantage de pétrole des sables bitumineux.

«On fera notre première installation au début du printemps, dit son président Pierre Carrier, de passage à La Presse Affaires la semaine dernière. Et on s'attend à de bons résultats.»

D'ici là, les yeux des pétrolières et des investisseurs seront rivés sur Opsens.

Si tout va comme prévu, la production du puits augmentera de 5 à 10%.

Et les coûts du chauffage à la vapeur baisseront d'environ 10%.

«Notre capteur à fibre optique est unique en son genre», précise le dirigeant.

Il n'utilise pas de systèmes électroniques, sensibles à la chaleur. De plus, sa membrane en saphir l'aide à résister à des températures allant jusqu'à 300 ºC.

Ce capteur permettrait de régler la température et la pression du puits afin d'en drainer le maximum de pétrole.

Si les résultats sont concluants, M. Carrier prévoit annoncer de nouvelles ventes dans les semaines qui suivront l'installation.

«Le client en voudra d'autres, dit-il. Et ses concurrents seront aussi intéressés.»

En mai dernier, Opsens a vendu son système à un client dont le nom n'a pas été dévoilé pour des raisons de confidentialité.

Il s'agirait «d'une des trois» grandes pétrolières canadiennes.

En termes de valeur boursière, EnCana, Imperial et Suncor sont les plus importantes pétrolières au pays.

La commande, incluant des capteurs, du câblage, etc., s'est élevée à 200 000$.

Achat d'un installateur

«La technologie des capteurs est éprouvée, dit Pierre Carrier. On a fait des tests extensifs à haute température et à forte pression pendant six mois.»

Il y a quand même un risque: une mauvaise installation pourrait fausser les résultats. «Pour mettre les chances de notre côté, on a acheté un installateur en Alberta», signale le président.

En décembre dernier, Opsens a acquis Inflow Solutions en échange de 1,2 million d'actions ordinaires et de 120 000$.

Le nom de la nouvelle filiale a été changé pour Opsens Solutions. «Elle se spécialise dans l'installation de capteurs optiques et conventionnels pour l'industrie pétrolière», dit-il.

Comment fonctionne ce système? Les sables bitumineux ressemblent à une épaisse couche de mélasse.

La matière qui se trouve en surface est retirée à l'aide de pelles mécaniques.

Mais pour extraire du pétrole à plus de 100 mètres de profondeur, il faut chauffer les sables à la vapeur.

Pour y arriver, la pétrolière descend deux tubes sous terre, sur une longueur de 1 kilomètre. Une distance de cinq mètres les sépare. Le premier tube chauffe les sables jusqu'à 300ºC. Le pétrole liquéfié est ensuite aspiré par l'autre tube et pompé à la surface.

«Pour l'instant, il n'y a aucun capteur qui peut mesurer à ces températures, explique Pierre Carrier. À partir de 170 degrés, les capteurs électroniques ne fonctionnent plus, car les soudures se défont.»

Ces mesures sont pourtant importantes à connaître.

Si la pétrolière augmente trop la vapeur, au lieu de tirer du pétrole elle pompera de l'eau (vapeur).

Si elle met trop de pression, le pétrole se dispersera dans les fissures souterraines au lieu de remonter à la surface.

L'ENTREPRISE:

Opsens conçoit, fabrique et commercialise des capteurs à fibre optique pour l'industrie pétrolière et le secteur médical. Elle emploie 25 personnes à Québec et cinq en Alberta. Elle est inscrite à la Bourse TSX croissance sous le symbole OPS.

DÉFI:

Réussir la première installation du capteur dans un puits de pétrole.

STRATÉGIES:

La sociét évient d'acheter un installateur spécialisé et présente des soumissions aux grandes pétrolières qui utilisent la technologie d'extraction par vapeur dans les sables bitumineux.

À RETENIR

«On est en contact avec EnCana, Petro-Canada, Shell. On discute avec les plus gros fournisseurs de pétrole qui utilisent la technologie d'extraction par vapeur dans les sables bitumineux.»

«Il y a beaucoup de projets de pétrole lourd dans le monde: au Venezuela, en Russie, en Chine, à Oman. On a déposé une soumission pour un gros projet à l'étranger. Si on l'a, on va être contents. Mais à court terme, notre objectif c'est l'Alberta.»

«Avec le prix du baril à 100$US, les opérateurs veulent drainer le plus de pétrole possible. Avec nos capteurs, ils vont voir le différentiel de pression qu'ils peuvent garder de façon très précise pour récupérer le plus de pétrole.»

«Un système d'extraction par vapeur produit 1000 barils par jour par puits. Si on prend 40 puits, on parle de 40 000 barils par jour. À 5% de rendement on ira chercher 2000 barils de plus à 100$. Dans ce cas, le retour sur investissements est de 22 jours.»

«On ne se rend pas compte à quel point l'Alberta est riche. Le Canada est au deuxième rang après l'Arabie Saoudite. Au pays, on a des réserves prouvées de plus de 150 millions de barils. De tout ça, 90% vient de l'Alberta. En 2005, le Canada était neuvième en termes de production mondiale. En 2015, il devrait être au cinquième rang grâce notamment au pétrole des sables bitumineux.»

«Cette année on prévoit des ventes de 2,5 millions dans le secteur médical. Avec des revenus de 2 millions, on prévoit une perte de 1,2 million, sans le pétrole. Si on va chercher 2,5 millions en pétrole, on devrait atteindre le seuil de rentabilité.»

«On a annoncé un financement d'une valeur de 6,25 millions en novembre dernier. La clôture n'a pas encore été annoncée. Au 30 novembre dernier, on avait 1,8 million dans nos coffres.»