Les conseillers financiers le répètent aux investisseurs: diversifiez vos placements à l'étranger.

Les conseillers financiers le répètent aux investisseurs: diversifiez vos placements à l'étranger.

Ils ne manquent pas de bons arguments: la Bourse canadienne ne représente que 3% de la valeur boursière mondiale; elle est très concentrée dans le secteur financier et les ressources; après des années de surperformance, elle est devenue chère par rapport à la Bourse américaine.

Mais il y a un aspect qui est passé sous silence: les frais de change.

À preuve, la réponse fournie à La Presse Affaires quand nous avons voulu connaître les taux applicables sur les transactions de titres américains, dans les filiales de courtage de la Banque Royale.

«Ce sont des informations concurrentielles que je ne peux pas vous fournir», nous a répondu le porte-parole, Raymond Chouinard. L'information est disponible pour les clients qui en font la demande, mais pas pour les médias.

«Les courtiers n'ont pas l'obligation de divulguer leur taux de change. Il n'y a pas de règles spécifiques», explique Frédéric Alberro, porte-parole de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Par contre, l'Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières du Canada (ACCOVAM) a le pouvoir d'inspecter et de sanctionner les courtiers à propos des taux de change.

Pour en avoir le coeur net, nous avons donc appelé directement au service à la clientèle de RBC Placements en Direct, qui nous a fourni les taux appliqués pour les transactions d'actions américaines.

L'écart

Pour acheter, le taux utilisé s'établissait à 1,01 445, tandis que pour vendre le taux était de à 0,98 445.

L'écart entre les deux taux est donc de 3 cents. Cela reflète les frais que le courtier prélève pour effectuer la conversion.

Ainsi, un investisseur qui achète puis revend des actions d'une société américaine pour une somme de 10 000$ laissera au courtier 300 $ en frais de change.

Ces frais de 3% (1,5% vente, 1,5% achat) s'ajoutent à la commission. Dans bien des cas, les frais de change coûtent beaucoup plus cher que les frais de transaction, qui sont surveillés de près par les investisseurs.

Les grilles tarifaires sont disponibles, les frais de transaction sont transparents.

Ils ont d'ailleurs fait l'objet d'une intense guerre de prix au cours des dernières années. Mais les frais de change, eux, sont intégrés à l'intérieur de la transaction.

Souvent les investisseurs ne réalisent même pas qu'il y a une conversion. Prenez un investisseur qui a acheté des actions d'une société canadienne, mais qui verse ses dividendes en dollars américains (ex.: Biovail).

À chaque fois, le courtier convertira automatiquement les dividendes en dollars canadiens.

«Le change, c'est une vache à lait pour les banques. Ça se négocie», assure Jean-Paul Giacometti, vice-président de la firme de gestion Claret.

L'investisseur institutionnel

Un investisseur institutionnel qui négocie des blocs d'actions de 10 0000$ paie 0,01% (écart de taux de 0,2 cent).

C'est 10 fois moins! Cela donne une idée de la marge de négociation pour un particulier qui a un portefeuille de plusieurs centaines de milliers de dollars et qui négocie des gros blocs d'actions.

D'ailleurs, certaines firmes de courtage ont des frais de change inférieurs (ex.: 1% pour Courtage Direct Banque Nationale).

D'autres réduisent leurs frais d'emblée pour les grosses transactions (ex.: 1,3% pour les transactions de plus de 10 000$ et 0,75% pour celles de plus de 25 000$ chez TD Waterhouse).

Que les investisseurs se consolent, les courtiers ne sont pas les plus gourmands...

Pour convertir de l'argent comptant, l'écart entre le taux vendeur et acheteur, pour la devise américaine, se chiffre à 4,99 cents (frais de 2,5%) auprès d'une banque. Les frais de conversion pour des transactions à l'étranger sur les cartes de crédit sont aussi de 2,5%.