La revente de maisons ralentit, mais que les propriétaires se rassurent: le marché est encore largement favorable aux vendeurs.

La revente de maisons ralentit, mais que les propriétaires se rassurent: le marché est encore largement favorable aux vendeurs.

Partout, les prix continuent de monter, en particulier dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal pour les maisons unifamiliales et dans les quartiers centraux pour les «plex».

C'est ce qui ressort de l'analyse du marché de la revente de la région de Montréal, publié mardi par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Au cours du premier trimestre de 2008, 11 951 propriétés résidentielles ont changé de mains dans la région, soit 4% de moins qu'à pareil moment en 2007. Il s'agit des ventes réalisées par l'entremise du service interagences (SIA/MLS) de la Chambre immobilière du Grand Montréal.

«Le contexte demeure favorable, mais la cadence va être moins forte, en raison du ralentissement économique», explique Sandra Girard, analyste à la SCHL.

Au premier trimestre, tant les maisons unifamiliales (-8%) que les «plex» (-11%) ont été moins en demande. Par contre, les condominiums continuent d'avoir la faveur populaire, avec une hausse de 7% des ventes au premier trimestre.

Sandra Girard attribue ce phénomène au prix relativement plus abordable des condos. D'ailleurs, les maisons jumelées ou en rangée, également moins chères, ont vu leurs mises en chantier croître de plus de 80% au premier trimestre.

Le ralentissement du marché n'a pas empêché les prix de monter. À cet égard, l'Ouest-de-l'Île demeure le secteur le plus favorable pour les maisons unifamiliales.

Au premier trimestre de 2008, le prix moyen y a grimpé de plus de 13%, à 331 441$, et encore, cette estimation que fournit la SCHL comprend Ahuntsic-Saint-Laurent, où le prix moyen est resté stable.

À Laval, dans le reste de la couronne nord et sur la Rive-Sud, les maisons unifamiliales se sont vendues entre 7 et 9% plus cher qu'au premier trimestre de 2007, mais les ventes ont été moins nombreuses (recul de 6 à 12%).

«La confiance des consommateurs a été ébranlée en début d'année, mais ça s'est replacé par la suite. Entre autres, 50% des gens estiment encore que c'est le bon temps pour faire un achat important, un niveau qui se maintient», nous dit Mme Girard.

C'est dans le secteur Plateau-Mont-Royal/Villeray que le marché des condos est parmi les plus vigoureux, avec un prix moyen en hausse de 9%, à 268 424$. Pour ce qui est des «plex», le secteur de prédilection des acheteurs a été la zone 4 de l'île (Outremont, NDG, Mont-Royal, Hampstead). Les ventes y sont en hausse de 15% et le prix moyen, de 13%, à 485 243$.

Les prix, c'est bien connu, sont influencés par la demande, mais également par l'offre. Or, une des raisons qui expliquent la vigueur des prix est la baisse de l'offre. Le nombre de propriétés à vendre a en effet reculé pour le quatrième trimestre d'affilée dans la région de Montréal, note la SCHL, quoique de façon plus modérée.

Au premier trimestre de 2008, il y avait donc de quatre à six vendeurs pour chaque acheteur de maison. Les prix continueront de grimper davantage que l'inflation tant que le marché n'aura pas atteint l'équilibre, c'est-à-dire que ce ratio atteigne les huit à 10 vendeurs par acheteur.

L'économiste Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins, croit que le ralentissement du marché est symptomatique d'un retournement. Dans l'ensemble du Québec, il s'agit du troisième trimestre de baisse d'affilée.

«Le marché est assez fort, mais on voit un changement de cap. On devrait retourner à l'équilibre d'ici un an. Les hausses de prix devraient alors tourner autour de 2%», dit-elle.

Au premier trimestre, les acheteurs ont bénéficié d'une baisse des taux hypothécaires. Cette baisse a permis d'améliorer légèrement l'Indice d'abordabilité Desjardins, qui est de 121,9 au Québec.

Selon Desjardins, l'achat d'une maison demeure financièrement plus difficile qu'au début des années 2000, compte tenu de la hausse des prix et du revenu moyen des ménages. En fait, il faut remonter au début des années 1990 pour retrouver une période plus difficile pour les jeunes ménages qui veulent acheter.