La CSeries fait décoller les inscriptions dans les écoles de formation en aéronautique.

La CSeries fait décoller les inscriptions dans les écoles de formation en aéronautique.

Plus de 150 jeunes et moins jeunes se sont entassés dans la cafétéria de l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (ÉMAM) hier pour une séance d'information. La semaine dernière, une séance semblable a été tout aussi populaire.

«Nous avons une augmentation significative de l'affluence, des demandes d'information et des demandes d'admission, a indiqué la directrice de l'ÉMAM, Josée Péloquin, en entrevue avec La Presse Affaires. C'est assez impressionnant.»

L'ÉMAM, qui fait partie de la Commission scolaire de Montréal, offre un processus d'admission continue. C'est-à-dire que de nouveaux groupes débutent le programme pratiquement tous les mois.

«Normalement, lorsque nous sommes en août, les groupes pour novembre, décembre et janvier ne sont pas complets, a indiqué Mme Péloquin. Là, c'est plein et nous sommes rendus aux groupes pour février.»

Il y a deux ans, l'école comptait 400 étudiants. L'année dernière, 600 personnes ont fréquenté ses salles de cours et ses ateliers, et cette année, la direction s'attend à ce que ce chiffre monte à 800. On se rapproche ainsi doucement du sommet atteint en 2000, soit 1200 étudiants, avant les événements du 11 septembre 2001.

Mme Péloquin a attribué une partie de ce regain au lancement de la CSeries, annoncé en grandes pompes au Salon aéronautique de Farnborough cet été.

«Ça fait des années qu'on en parle, ça a été très publicisé, ça frappe l'imagination, a-t-elle déclaré. C'est certain que cette nouvelle a eu beaucoup de retombées.»

La direction de l'école doit cependant ramener certains candidats à la réalité.

«Il y a une pensée magique: on s'inscrit, on fait la formation et on fait 65 000 $ par année, a-t-elle raconté. Il faut remettre les pendules à l'heure.»

Elle a ainsi rappelé aux candidats qu'il y avait des critères d'admission, comme un 4e secondaire, mais qu'il fallait également garder en tête les critères d'embauche des entreprises.

«On cherche des gens qui font preuve d'assiduité, de rigueur et du sens des responsabilités», a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté que certains employeurs pouvaient faire passer des tests de dépistage de drogue, vérifier les antécédents judiciaires et même le lieu de naissance. Certaines entreprises qui utilisent une technologie militaire doivent en effet respecter la réglementation américaine sur le commerce de l'armement, ITAR (International Traffic in Arms Regulation), qui restreint l'emploi de personnes provenant de certains pays.

La séance d'information a fini de convaincre plusieurs personnes, comme Daniel Bertrand, qui a oeuvré pendant 20 ans comme éducateur en service de garde et qui s'apprête à troquer les biberons pour les boulons.

«Je suis dans la quarantaine, je ressens le besoin de me réorienter, a-t-il déclaré. Je veux aller dans le montage de structure.»

Pour sa part, Josée Maurice s'intéresse au montage de câbles et de circuits.

«Je m'intéresse à l'aéronautique depuis des années, mais après les événements du 11 septembre, j'ai décidé d'étudier dans un autre secteur, a-t-elle raconté. En lisant les nouvelles, j'ai vu qu'il y avait de la demande, j'ai décidé de retourner là-dedans.»

Les inscriptions ont également connu un bel essor à l'École nationale d'aérotechnique, liée au cégep Edouard-Montpetit. Le directeur de l'institution, Serge Brasset, a indiqué qu'on s'attendait à 875 inscrits cette année, comparativement à 715 l'année dernière.

«Nous recevons une vingtaine d'appels par jour, a-t-il déclaré. Nous faisons tout pour admettre tous ceux qui ont les préalables.»

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, a indiqué que l'entreprise recevait des milliers de curriculum vitae depuis l'annonce du lancement de la CSeries.

«Il y a un enthousiasme débordant, a-t-il déclaré. Je dis aux jeunes intéressés que c'est le bon temps pour s'informer et s'inscrire à des programmes de formation.»