Pour avoir pelleté un bon coup, les Québécois se rappelleront longtemps l'hiver 2008, mais pas Hydro-Québec, pour qui la saison qui s'achève ne passera certainement pas à l'histoire.

Pour avoir pelleté un bon coup, les Québécois se rappelleront longtemps l'hiver 2008, mais pas Hydro-Québec, pour qui la saison qui s'achève ne passera certainement pas à l'histoire.

Les quelques épisodes de grand froid qui pimentent généralement les mois de janvier et de février n'ont pas eu lieu cette année, ce qui fait qu'Hydro a vendu moins d'électricité cet hiver que pendant la même période l'an dernier.

Combien de moins? Hydro n'était pas en mesure de le préciser hier, ses résultats du premier trimestre de 2008 n'ayant pas encore été compilés.

La pointe de l'hiver 2008 est survenue le 21 janvier à 8h. Ce lundi matin-là, la consommation totale d'électricité a atteint 35 352 mégawatts, bien en deçà des 36 361 mégawatts prévus par Hydro, dont le réseau pouvait fournir cette année 39 960 mégawatts.

À 35 352 mégawatts, le sommet de l'hiver est moins élevé que celui de l'an dernier, qui avait été de 36 251 mégawatts. Il est aussi bien inférieur au record de tous les temps enregistré le 15 janvier 2004, alors que la consommation d'électricité avait atteint 36 268 mégawatts.

La pointe de consommation enregistrée par Hydro-Québec coïncide généralement avec le jour le plus froid de l'hiver, parce que les trois quarts des ménages québécois se chauffent à l'électricité.

Mais cette année fait exception. Selon Environnement Canada, le jour le plus froid de l'année a été le 3 janvier, alors qu'un minimum de -25 degrés a été enregistré à Dorval.

C'était pendant le temps des Fêtes et l'activité dans les usines et les bureaux était encore au ralenti, ce qui explique que le jour le plus froid n'a pas été celui où la consommation d'électricité a été la plus forte.

Même si Hydro-Québec a actuellement tellement de surplus qu'elle a dû payer une compensation de plusieurs centaines de millions de dollars à TransCanada Energy pour qu'elle stoppe la production de sa centrale au gaz naturel de Bécancour, la pointe hivernale reste un problème récurrent pour la société d'État.

Si le froid bat des records, le réseau peut être sollicité au-delà de sa capacité pendant des périodes courtes mais cruciales.

C'est ce qui s'était produit en 2003-2004. En janvier, Hydro avait lancé des appels à la réduction de la consommation et éteint symboliquement l'enseigne lumineuse de son siège social à Montréal. Des achats aux réseaux voisins avaient permis à Hydro de répondre à la demande pendant cet épisode glacial.

Cet hiver, aucun achat aux réseaux voisins n'a été nécessaire. La centrale au mazout de Tracy, qui ne sert qu'à alimenter le réseau en période de très forte demande, n'a fonctionné que pendant une trentaine d'heures seulement, entre le 20 et le 21 janvier, a fait savoir Hydro.

Hausse des tarifs

Pour Hydro, moins de froid veut dire moins de revenus, puisque l'hiver reste la période de l'année la plus rentable pour la société d'État. Pour ses clients, un hiver plus clément signifie une facture de chauffage réduite.

Les tarifs d'électricité ont toutefois été plus élevés de 1,9% par rapport à l'hiver précédent, à cause de l'augmentation entrée en vigueur le 1er avril 2007.

À partir d'aujourd'hui, 1er avril, s'ajoute une nouvelle augmentation de 2,9%, qui sera plus fortement ressentie lors de la prochaine période de grande consommation, l'hiver prochain.

Même si l'hiver a été moins rigoureux, les Québécois qui utilisent le mazout pour chauffer leur maison auront une facture plus lourde à acquitter en raison de l'augmentation du prix de cette forme d'énergie.

Le prix moyen d'un litre de mazout était de 82,9 cents à Montréal cet hiver. C'est près de 15 cents ou 20,7% de plus que l'hiver précédent.