Mario Fortin, professeur d'économie à l'Université de Sherbrooke s'inquiète.

Chute boursière, crise finanicère., flambée du pétrole, risque de récession, retour de l'inflation: plus d'un danger plane sur les investisseurs. l'année 2008 n'a pas commencé le 1er janvier mais plutôt en août 2007 avec l'éclatement de la crise immobilière américaine. Voici des conseils d'experts pour vous aider èa vous y retourner.

La fin de la récréation?

Mario Fortin, professeur d'économie à l'Université de Sherbrooke s'inquiète.

Il constate trois signes annonciateurs de mauvaises nouvelles pour les consommateurs américains.

Tout d'abord, la contraction du crédit aura inévitablement un impact sur la consommation et l'investissement.

Dans ce contexte, certaines banques sont obligées de se recapitaliser. «Elles n'ont donc pas de fonds pour allouer beaucoup de nouveaux prêts, souligne M. Fortin

Ensuite, les consommateurs ressentent l'impact d'un baril de pétrole qui chatouille le niveau des 100 $ US le baril.

«Ça commence à paraître dans les dépenses de chauffage et d'essence des ménages», ajoute le professeur.

Sans compter que de nombreuses hypothèques à bas taux accordées ces dernières années aux États-Unis verront leurs taux augmenter au courant de l'année.

Finalement, le marché immobilier s'essouffle, alors qu'une bonne partie de la croissance économique s'expliquait par la vigueur de ce secteur.

«Ça commence à faire beaucoup de nuages noirs à l'horizon», remarque Mario Fortin.

«Certaines portes de sortie demeurent toutefois ouvertes, précise-t-il. Le dollar américain baisse et cela devrait favoriser les exportations américaines. De plus, l'économie mondiale et les marchés émergents se maintiennent».

Mais est-ce que cela suffira pour stimuler suffisamment la plus grande économie de la planète?

En matière de choix de placement, Mario Fortin ne s'avance pas. «Je suis économiste et non analyste financier», explique-t-il.

Il croit cependant que les investisseurs devraient jeter un oeil du côté des sociétés américaines qui pourraient augmenter leurs ventes à l'étranger à la suite du repli du billet vert.

Notons que la majorité des 30 entreprises américaines constituant le Dow Jones réalisent toutes une proportion importante de leurs ventes ou de leurs profits à l'extérieur des États-Unis.

Patience et modération

Luc R. Fournier, gestionnaire de portefeuilles chez l'Industrielle Alliance, constate que la crise du crédit fait des dommages énormes mais il pense que la récession sera évitée.

«Oui, les consommateurs américains sont endettés et la cherté du pétrole plombe le budget des ménages mais la Fed (Réserve fédérale américaine) a un rôle à jouer, dit-il. Elle peut baisser les taux si elle craint le pire.»

Au stade actuel du cycle économique, M. Fournier recommande aux investisseurs d'acheter des titres qui rapportent de bons dividendes.

Il croit que des occasions d'achat se présentent du côté des banques.

Il souligne, par exemple, que le titre de la Banque de Montréal (BMO) s'échange près de son creux des 52 dernières semaines. Il offre un rendement en dividende de 5%, soit plus qu'une obligation gouvernementale échéant dans 10 ans.

«En plus vous avez une chance de faire un gain de capital, ajoute-t-il. Il serait surprenant que, d'ici cinq ans, l'action de la BMO se négocie au même prix qu'aujourd'hui.»

Par prudence, il conseille à ceux qui veulent courir moins de risques de miser sur l'indice des services financiers (XFN à Toronto).

«On n'aura peut-être pas le meilleur rendement parce qu'on on n'aura pas choisi LA banque mais on évite le risque de tomber sur le mouton noir», suggère le spécialiste.

Le gestionnaire fait remarquer que ce n'est pas la première crise financière que nous vivons.

«Il y a eu la stagflation des années 80, le krach boursier de 1989, le scandale des Saving and Loans dans les années 90, la crise asiatique de 1997, et, chaque fois, il y a qui s'en sortent et d'autres qui peinent», rappelle-t-il.

Les gagnants sont ceux qui profitent de leurs liquidités pour acheter des aubaines.

Le beau risque des banques américaines

Yves Lamoureux, stratège et conseiller en placement chez Blackmont Capital, n'a pas peur du secteur bancaire américain.

«Quand tout le monde achète, moi je vends; et lorsque tout le monde vends, moi j'achète», clame le coloré conseiller.

Il s'intéresse à des titres comme Morgan Stanley et Bank of America.

«Les mauvaises nouvelles sont déjà intégrées dans le prix des titres et les dividendes sont très élevés», renchérit celui qui commente régulièrement l'actualité boursière sur Bloomberg TV, le réseau de télévision spécialisé en nouvelles financières.

M. Lamoureux prévoit, en véritable «contrarian» qu'il est, que le dollar américain sortira de sa stupeur et regagnera du galon.

Celui qui était optimiste au sujet de l'or depuis cinq ans, ne pense plus que ce soit opportun en ce moment d'acheter du métal jaune.

«Je prends une pause de six mois, quitte à réévaluer ma décision au cours du prochain semestre», a-t-il indiqué.

Pharmaceutiques et consommation courante

Jeffrey Lusher, vice-président et directeur général chez BMO gestion de placements, se tourne du côté des grandes sociétés pharmaceutiques américaines et internationales.

Plus près de chez nous, il s'intéresse aussi à Thératechnologies, une biotech québécoise.

«Il ne s'agit pas d'un titre défensif mais il offre l'avantage de ne pas dépendre de l'évolution du marché ou des tendances macroéconomiques, dit-il. Tout dépend des résultats de ses tests cliniques.»

La société développe des médicaments pour combattre les effets secondaires du traitement du HIV.

«Elle est à la phase III des essais cliniques et tout va bien, ajoute-t-il. Le titre se négocie actuellement autour des 10$ et nous avons un cours cible de 18$.»

À son avis, les investisseurs peuvent commencer à examiner les titres pour le long terme mais ils devraient faire preuve d'encore un peu de patience.

Le dirigeant mise également sur les titres de consommation courante, comme les pharmacies Shopper's Drug Mart et les restos Tim Horton's.

«Les gens continueront à acheter des médicaments et à se payer un café et un beigne même si l'économie perd de la vitesse», rappelle-t-il.