L'École des métiers de la construction de Montréal s'est agrandie, et offre maintenant ses cours le soir, le week-end et aussi l'été. Malgré tout, elle est loin de suffire à la demande de l'industrie, qui aurait besoin de 14 000 nouveaux employés par année.

L'École des métiers de la construction de Montréal s'est agrandie, et offre maintenant ses cours le soir, le week-end et aussi l'été. Malgré tout, elle est loin de suffire à la demande de l'industrie, qui aurait besoin de 14 000 nouveaux employés par année.

La pénurie de travailleurs, bien réelle dans le secteur de la construction, est en train de s'étendre à toute l'économie du Québec. La menace est assez sérieuse pour qu'on parle maintenant du bogue de l'an 2012.

Dans quatre ans, en effet, la population québécoise en âge de travailler, soit le groupe des 15 à 64 ans, commencera à décroître, ce qui aggravera les problèmes de recrutement des entreprises.

«C'est une situation extrêmement préoccupante, reconnait Gaëtan Boucher, le président de la Fédération des cégeps, Il en va de la prospérité et du développement du Québec.»

M. Boucher participait jeudi au lancement du bilan des tendances de l'emploi de la firme Jobboom qui, depuis des années, souligne la pénurie croissante de travailleurs au Québec, notamment du côté des métiers.

Cette année, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale s'est joint à l'événement avec une campagne pour encourager les jeunes à s'inscrire en formation professionnelle.

Malgré toutes les campagnes de ce genre, les besoins de travailleurs spécialisés sont criants dans plusieurs entreprises.

Le secteur de la réparation d'équipement de télécommunications, par exemple, aurait eu besoin de 125 employés l'an dernier, alors que seulement 60 finissants sont sortis de l'école dans cette spécialité.

Les campagnes de promotion des métiers ne donnent pas de résultats spectaculaires, selon André Caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, «On a 3% ou 4% de plus d'inscriptions que l'année dernière», a-t-il précisé.

C'est que le problème ne vient pas du choix de carrière mais du vieillissement de la population et de la faible croissance démographique.

Les meilleures campagnes de promotion au monde ne pourront rien changer à ça, reconnaît le président de la Fédération des cégeps, qui verra sa population étudiante diminuer de 25 000 d'ici les deux prochaines années.

Le gouvernement Charest vient d'assouplir les conditions d'admission au collégial, pour endiguer cette baisse d'effectif.

Les élèves à qui il manque un ou deux cours pour obtenir leur diplôme d'études secondaires pourront quand même entrer au cégep, à condition de suivre les cours qui leur manquent en même temps que leurs cours du collégial.

Aussi, les cégeps pourront délivrer des diplômes sans spécialité aux élèves qui auront accumulé suffisamment de crédits, mais dans aucun programme en particulier.

Mais la solution à la pénurie de main-d'oeuvre devra venir d'ailleurs, et notamment de l'augmentation de l'âge de la retraite et de l'augmentation du nombre d'immigrants.

«C'est à ça qu'on travaille», a acquiescé Emmanuel Dubourg, porte-parole du ministre de l'Emploi Sam Hamad.

En attendant, les entreprises se débrouillent comme elles peuvent pour combler leurs besoins de main-d'oeuvre. Rona, par exemple, embauche de plus en plus dans ses magasins des retraités qui veulent demeurer actifs.