Investir plus d'argent donne de l'or aux Jeux Olympiques. Équation facile, il va sans dire, mais qui trouve toute sa signification à la lumière des résultats obtenus par plusieurs pays à Pékin.

Investir plus d'argent donne de l'or aux Jeux Olympiques. Équation facile, il va sans dire, mais qui trouve toute sa signification à la lumière des résultats obtenus par plusieurs pays à Pékin.

Évidemment, on pense tout de suite à la Chine qui ne cesse de progresser. Aux JO d'Atlanta en 1996, le pays avait récolté 16 médailles d'or sur un total de 50.

Mais avec l'organisation des Jeux Olympiques, les Chinois avaient visiblement l'envie d'en mettre plein la vue aux visiteurs et au monde entier. Des montants extraordinaires ont été investis non seulement dans les infrastructures mais aussi dans les différents sports.

Le résultat: une première place au classement général avec 51 médailles d'or pour un total de 100 médailles, ce qui a relayé les Américains dans la position inhabituelle du dauphin.

Autre exemple: celui de l'Angleterre qui a cartonné à Pékin. En 1996, le «God save the Queen» avait été entonné une seule fois lors des JO d'Atlanta, une véritable catastrophe pour une nation sportive.

Mais les Anglais ont réussi à grimper la montagne. Ils ont récolté 28 médailles à Sydney en 2000, puis 30 à Athènes. À Pékin, ils ont mis la main sur 19 médailles d'or pour un total de 47.

Organisatrice des JO en 2012, l'Angleterre a donc décidé de mettre le paquet et les résultats sont venus. Depuis trois ou quatre ans, on parle même d'un investissement de 300 à 400 millions de livres (778 M$ CAN) de l'État anglais dans ses programmes sportifs.

Du côté canadien, on espère un financement soutenu et plus important afin de toucher le podium un peu plus souvent malgré la bonne performance en Chine.

À l'heure actuelle, les athlètes de haut niveau oeuvrant dans des sports d'été peuvent compter sur le programme «Vers l'excellence». Dans le dernier budget fédéral, on a promis un montant de 24 M$ renouvelé annuellement pour les prochaines années. Cela est sans compter l'argent qui va vers les infrastructures et les différentes fédérations.

Mais selon Chris Rudge, président du Comité olympique canadien (COC), ce n'est pas assez.

«Nous avions demandé 30 M$. Le premier ministre Harper a peut-être regardé ce qui s'est passé ici (à Pékin) et voudra nous accorder les 6 M$ supplémentaires», a indiqué M. Rudge lors d'une entrevue avec le Edmonton Sun publiée dimanche.

Du côté des athlètes des sports d'hiver, ils profitent du programme «À nous le podium» instauré en vue des JO de Vancouver en 2010.

Spécifiquement pour ce programme, le fédéral octroie 11 M$ annuellement – et ce jusqu'en 2010 - alors que les commanditaires complètent le financement en accordant le même montant.

Selon Sport Canada, l'investissement annuel du gouvernement fédéral dans le système sportif canadien atteindra la somme record de plus de 166 M$ en 2008-2009.

Pour les athlètes canadiens, la performance est également récompensée. Ce qui n'était pas le cas auparavant.

Les médaillés olympiques touchent maintenant des bonis respectifs de 20 000 $, 15 000 $ et de 10 000 $ pour une médaille d'or, d'argent ou de bronze.

Mais pour Philippe Merrigan, professeur spécialisé en économie du sport, l'investissement de l'État donne des résultats, mais les effets sont limités.

«Ces investissements aident évidemment l'athlète, mais j'ai de la misère à voir le bénéfice pour la société», dit-il. «Je crois que l'investissement actuel accordé par le Canada est tout à fait convenable».

Selon lui, la part du privé doit augmenter alors que l'argent public doit surtout donner l'accès aux différentes installations à tous les citoyens.

«Le rôle du gouvernement est surtout d'assurer l'équité dans les sports», croit M. Merrigan.

Rappelons que le Canada n'a remporté aucune médaille d'or alors qu'il était hôte des JO comme cela avait été le cas à Montréal en 1976 et à Calgary en 1988.