Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a laissé entendre mardi que de nouvelles baisses des taux d'intérêt n'étaient pas envisagées à court terme en raison des craintes à propos de l'inflation.

Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a laissé entendre mardi que de nouvelles baisses des taux d'intérêt n'étaient pas envisagées à court terme en raison des craintes à propos de l'inflation.

Les prix élevés du pétrole sont un couteau à deux tranchants qui peut à la fois affecter négativement une économie déjà faible et propager l'inflation, a indiqué M. Bernanke dans une allocution livrée via satellite dans le cadre d'une conférence internationale sur la politique monétaire.

Le mois dernier, en abaissant son principal taux directeur à 2%, la Fed avait déjà laissé entendre une première fois qu'il pourrait s'agir de la dernière baisse à court terme.

Mardi, M. Bernanke a affirmé que, pour l'instant, la politique monétaire de la banque centrale américaine semble en mesure de fournir une croissance modérée et une stabilité des prix.

La prochaine réunion du comité de la politique monétaire de la Fed aura lieu les 24 et 25 juin.

Ben Bernanke s'est inquiété des effets du dollar américain sur l'inflation au sein de l'économie.

«Les défis que notre économie a affrontés au cours de l'année écoulée ont pesé sur le taux de changes du dollar, ce qui a contribué à une hausse malvenue des prix à l'importation et de l'inflation des prix à la consommation», a affirmé M. Bernanke.

«Nous sommes attentifs aux implications des changements de la valeur du dollar pour l'inflation et pour les attentes d'inflation, et nous continuerons à formuler notre politique pour contrer les risques (...) y compris le risque d'une érosion des attentes d'inflation à long terme», a-t-il ajouté.

Le billet vert est remonté en flèche après ces propos. À 9h, l'euro valait 1,56 $ US. Une demi-heure plus tard, il n'en valait plus que 1,54 $ US.

«C'est la première fois qu'il parle vraiment sur la faiblesse du dollar. Il a ainsi envoyé un avertissement, ce qui cause une légère remontée du dollar», a commenté Peter Cardillo, analyste d'Avalon Partners.

Le président de la Fed a en effet fait une entorse à la règle tacite qui veut que les questions de change relèvent de la compétence du Trésor.

«En collaboration avec nos collègues du Trésor, nous continuons de surveiller attentivement l'évolution des marchés des changes», a-t-il assuré.

Le billet vert s'est fortement déprécié aux cours de ces dernières années, notamment face à l'euro qui a atteint en avril un record à plus de 1,60 $ US.

Les responsables de l'administration américaine répètent régulièrement que les États-Unis ont une politique du «dollar fort» mais que ce sont aux marchés de fixer les valeurs des monnaies, ce que les investisseurs interprètent largement comme une preuve de négligence bienveillante par rapport à la chute du billet vert.

En effet, un dollar affaibli rend les produits américains plus compétitifs à l'étranger, un facteur crucial en période de crise économique. C'est désormais la balance commerciale qui est le principal moteur de la croissance américaine.

Lors de leur dernière réunion en avril, les grands argentiers du G7 avaient infléchi leur position sur les changes et dit à mots couverts leur inquiétude face à la chute du dollar.

M. Bernanke s'est toutefois dit convaincu que «sur la durée», la politique monétaire suivie par la Fed et «la vigueur sous-jacente de l'économie américaine» seraient des «facteurs clés assurant que le dollar restera une monnaie stable et forte».

Les dirigeants de la Fed les plus orthodoxes sur le chapitre de l'inflation avaient grincé des dents lors des dernières baisses de taux, décidées au nom de la croissance.

M. Bernanke a reconnu mardi l'existence de dangers sur le front inflationniste, notamment «la possibilité que les prix des matières premières continuent d'augmenter» et le niveau élevé des attentes d'inflation.

Sur le chapitre de la croissance, M. Bernanke a estimé qu'elle allait sans doute être «relativement faible» au deuxième trimestre 2008 et s'améliorer ensuite.

Mais «tant que le marché de l'immobilier, et notamment les prix, n'auront pas montré des signes clairs de stabilisation, des risques demeureront pour la croissance», a-t-il averti.