Essoufflé, au terme d'une course de plusieurs années, vous allez enfin, pour la première fois, rattraper vos droits de cotisation REER inutilisés.

Essoufflé, au terme d'une course de plusieurs années, vous allez enfin, pour la première fois, rattraper vos droits de cotisation REER inutilisés.

Ce splendide effort, pour lequel vous ne ménagez pas les autocongratulations méritées, vous vaudra-t-il une retraite paisible et confortable?

«Pas sûr, répond la planificatrice financière Liane Chacra, du Groupe Investors. Ils n'ont pas eu la chance de faire profiter cet argent durant les premières années. Il y a donc un déficit de rendement.»

Daniel Laverdière et Sylvain Chartier, respectivement directeur principal et directeur de la planification fiscale chez Planification financière Banque Nationale en ont fait la démonstration.

Albert, Benoît et Charles sont nés tous trois la même année et ont 30 ans en 1978.

À partir de ce moment, Albert cotise chaque année à son REER le maximum annuel autorisé, jusqu'à sa retraite, prise à 60 ans. En 30 ans, il verse ainsi 324 000$. Benoît n'entreprend cette discipline qu'à 40 ans. Mais il accélère le rythme et rattrape son retard en versant chaque année environ 3000$ de plus qu'Albert.

Charles, lui, ne s'y met qu'à 50 ans. Pour cotiser les mêmes 324 000$ en 10 ans, il doit déposer chaque année quelque 17 000$ de plus qu'Albert.

En 2008, à 60 ans, tous les trois ont donc déposé 324 000$.

Pour comparer des comparables, nous supposons que l'argent qui n'a pas été consacré aux REER par Benoît et Charles entre 30 ans et 50 ans n'a pas été utilisé pour rembourser l'hypothèque ou pour faire des placements hors REER. Cet argent a simplement servi à profiter de la vie - un choix tout à faire légitime.

Un choix, cependant, qui influence l'épargne disponible au moment de la retraite.

En supposant un rendement constant de 6% par année, Albert a alors 742 000$ en caisse, alors que Benoît et Charles ont respectivement 597 000$ et 448 000$.

Daniel Laverdière et Sylvain Chartier ont fait une seconde simulation qui se rapproche encore davantage de la réalité, en utilisant les rendements annuels historiques d'une caisse de retraite équilibrée, entre 1979 et 2007.

Or, le rendement moyen a été très élevé, durant cette période - ce qui ne présume en rien de l'avenir, rappellent les deux spécialistes. De plus, il se trouve que les années où Albert a été le seul à cotiser à son REER ont connu dans la réalité des rendements remarquables.

L'impact à long terme a été considérable: à 60 ans, son REER contient 1 066 000$, soit

50% de plus que les 704 000$ de Benoît, et deux fois plus que les 462 000$ de Charles.

«Plus on retarde notre plan de rattrapage, préférant augmenter notre rythme de vie, plus on ampute notre confort à la retraite, conclut Daniel Laverdière. Le rendement perdu est réellement perdu.»

Au surplus, dans les années qui précèdent sa retraite, c'est Albert qui profite de la vie.

C'est la panique...

Dans une étude publiée en juin 2007 pour le compte de l'Institut canadien des actuaires, des spécialistes de l'Université Waterloo ont voulu répondre à la question suivante: les travailleurs de 40 ans et plus qui veulent prendre leur retraite en 2030 épargnent-ils suffisamment?

Leur conclusion: «Les deux tiers des ménages canadiens prévoyant la retraite en 2030 n'épargnent pas suffisamment pour assumer les frais de retraite incontournables.»

Une personne seule avec un revenu de 40 000$ devrait épargner tous les ans entre 14% et 20% de ses gains annuels pour couvrir ses dépenses fondamentales. Un couple dont les revenus combinés totalisent 40 000% devra pour sa part épargner 30% de ses gains.

Les frais de subsistance (en 2003) sont évalués à 24 900$ par année pour une personne seule et à 43 700$ pour un ménage de deux personnes.

L'étude suppose que l'épargne est accumulée en 25 ans, de 40 à 65 ans.