La compagnie américaine de radios et d'affichage Clear Channel (CCU) est finalement parvenu à se vendre aux deux fonds d'investissement qui le convoitaient, au prix d'une menace de procès et d'une transaction au rabais.

La compagnie américaine de radios et d'affichage Clear Channel [[|ticker sym='CCU'|]] est finalement parvenu à se vendre aux deux fonds d'investissement qui le convoitaient, au prix d'une menace de procès et d'une transaction au rabais.

Les fonds Thomas Lee Partners et Bain Capital ont annoncé dans la nuit de mardi à mercredi qu'ils rachetaient Clear Channel pour 17,9 G$ US, contre 19,5 milliards initialement prévus.

Cet accord concrétise une transaction décidée 18 mois plus tôt, en novembre 2006, mais qui avait traîné en longueur pour être tout simplement annulée en mars par les banques créancières.

Cela se produit sur fond de crise du marché du crédit et de réticence de ces dernières à prêter de l'argent pour financer des acquisitions.

Le dénouement est un coup de théâtre, alors que la vente de Clear Channel était donnée caduque par le marché avec un épilogue attendu devant les tribunaux, où étaient poursuivies les six banques créancières.

Ce sont Citigroup, Deutsche Bank, Morgan Stanley, Credit Suisse, Royal Bank of Scotland et Wachovia.

L'accord de vente solde aussi à l'amiable une plainte contre les banques, déposée à la fois devant la cour suprême de l'État de New York et devant la cour du comté de Bexar au Texas, État dans lequel Clear Channel a installé son siège social.

Une première audience prévue lundi avait été reportée à mardi, après l'annonce que les parties discutaient en vue d'un accord amiable et d'une réactivation du projet de rachat. De premiers témoignages avaient commencé mardi après-midi.

Par leur plainte, les deux fonds et Clear Channel voulaient forcer les banques à honorer leurs engagements initiaux, estimant que ces dernières étaient en rupture de contrat. Les banques ont tenté, en vain, de faire débouter la plainte.

«La paix a un prix», résumait mercredi Leland Westerfield, analyste chez BMO Capital Market, indiquant que les parties ont oeuvré d'arrache-pied pour boucler un nouvel accord «structuré pour être incassable comme l'acier».

Tout d'abord, les parties ont recouru à une procédure légale par laquelle les engagements financiers des banques et des fonds seront déposés en réserve auprès d'une tierce partie, qui sera responsable des versements à Clear Channel.

Cette procédure «offre un haut degré de certitude» du financement par les banques, relève M. Westerfield.

Autres concessions, le prix de vente a été revu en baisse de 1,6 G$ US.

Bain Capital et Thomas Lee ont aussi accepté de verser des intérêts un peu plus élevés, et les banques se sont engagées «dans un accord dûment négocié et documenté à fournir des financements de long terme à Clear Channel», selon un communiqué du groupe.

L'accord reste toutefois attirant. Il est l'un des plus gros rachat avec retrait de la cote jamais réalisé par des fonds d'investissement. Avec un prix de 36 $ US par action - contre 39,20 $ US initialement -, il représente aussi une prime de près de 5% par rapport au cours de clôture de Clear Channel mardi soir à New York.

Par ailleurs, les actionnaires le désirant ont toujours l'option de convertir leurs titres Clear Channel en actions CC Media Holdings, la holding de contrôle qui sera créée par les fonds, et conserver ainsi indirectement des parts dans le groupe.

Selon les estimations des parties, les actionnaires souhaitant opter pour la conversion devraient contrôler, à terme, 30% environ du capital de la holding.

L'accord n'a guère fait réagir le marché, la nouvelle ayant déjà été intégrée par les investisseurs depuis l'annonce de discussions, lundi.

La finalisation du rachat est envisagée pour le troisième trimestre 2008, sous réserve de l'approbation des actionnaires actuels, mais les parties ont convenu de fixer la date limite de réalisation à fin 2008