Le gouvernement Charest n'entend pas resserrer la loi 101 même si l'anglais continue de fleurir comme langue de travail et de commerce à Montréal.

Le gouvernement Charest n'entend pas resserrer la loi 101 même si l'anglais continue de fleurir comme langue de travail et de commerce à Montréal.

La ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, invite plutôt les consommateurs à dénoncer les commerçants qui refusent de s'exprimer dans la langue de Molière.

«Il faut trouver le moyen de les sensibiliser davantage (les petites entreprises) à l'importance d'accueillir le public en français, de donner le service en français et de respecter le visage français de Montréal», a dit Mme St-Pierre lors d'un bref point de presse précédant la séance hebdomadaire du conseil des ministres, mardi à Québec.

La ministre ne partage pas l'indignation de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, qui réclame un durcissement de la loi 101 depuis la publication récente d'un reportage du Journal de Montréal.

L'article démontrait, preuves à l'appui, combien il est facile pour un individu de se trouver du travail et de servir la clientèle exclusivement en anglais dans des commerces du grand Montréal et de la Rive-Sud.

Plutôt que de réclamer un durcissement de la loi, les consommateurs devraient afficher leur «fierté» et faire valoir leurs droits, a estimé Mme St-Pierre.

«Le consommateur a son mot à dire, a-t-elle insisté. Il ne faut pas hésiter à se plaindre, à déposer des plaintes à l'Office (de la langue française) si on n'obtient pas satisfaction en français.»

Du reste, le gouvernement rejette la suggestion de la SSJB de rouvrir la loi 101 pour soumettre les petits commerces aux mêmes obligations légales de francisation que les entreprises de plus de 50 employés.

Une telle mesure entraînerait un cauchemar bureaucratique, fait-on valoir au ministère de la Culture et des Communications.

«Il y a au Québec près de 240 000 entreprises. De ce nombre, près de 80% ont moins de neuf employés. On parle de plusieurs dizaines de milliers d'entreprises», a d'ailleurs illustré la ministre au cours du point de presse.

Du reste, le paysage linguistique montréalais n'est pas si mal en point, a-t-elle affirmé, citant une étude menée l'an dernier par l'Office de la langue française.

Sur les 2500 entreprises visitées dans le centre-ville de Montréal, l'immense majorité, soit 90%, offraient leurs services en français, a rappelé Mme St-Pierre.