Jeune couple de 29 ans, avec bébé de 9 mois, cherche bonheur.

Jeune couple de 29 ans, avec bébé de 9 mois, cherche bonheur.

«J'aimerais savoir quelle est la meilleure stratégie financière afin que nous puissions nous acheter une maison à court terme, tout en ayant la possibilité de visiter la famille en France une fois par année, car mon conjoint est Français», exprime Catherine.

Catherine et Yannick habitent un logement dans un quartier du centre de Montréal, qui leur coûte 916$. Sans voiture, ils sont abonnés au service de partage de voitures Communauto. «Nos principales dépenses sont donc le loyer et l'épargne, dans laquelle on pige pour des billets d'avion chaque année», ajoute-t-elle.

Le revenu familial s'élève à 65 000$. Le couple détient un compte d'épargne commun, qui contient 12 000$. Le REER de Catherine compte 9500$, et celui de Yannick, 4000$.

«Nous versons 400$ par mois chacun à l'épargne et environ 120$ par mois chacun à nos REER, décrit Catherine. Est-ce une bonne stratégie? Ou devrions-nous inverser la proportion?»

Le couple prévoit consacrer environ 3000$ au voyage annuel. «Comment assurer notre bonheur présent - maison, voyages - tout en assurant nos arrières pour la retraite?» demande-t-elle.

La recette

En ce qui concerne le bonheur, nous ne nous sentons pas la compétence de faire des recommandations. Pour les questions matérielles, cependant, nous avons demandé l'opinion de la planificatrice financière Lison Chèvrefils.

Elle suggère d'abord de verser l'épargne mensuelle destinée aux voyages et à la maison dans deux comptes distincts, «pour départager les buts et voir grossir le capital de chacun des comptes», explique la planificatrice. «C'est toujours stimulant, l'atteinte des objectifs.»

Une fois cette épargne canalisée, est-il possible d'en augmenter le débit? Guidée par la planificatrice, Catherine a estimé que l'épargne mensuelle du couple, actuellement de 800$, pourrait être portée à 1000$.

Cet effort serait réparti à raison de 250$ pour les vacances et de 750$ pour l'achat de la maison.

En réponse à la question de Catherine sur les parts dévolues à l'épargne et au REER, Lison Chèvrefils propose de combiner les deux options: ces 750$ économisés pour la maison seront répartis chaque mois dans les comptes REER de Catherine et Yannick, s'ajoutant aux 220$ qu'ils y versent déjà. Cette discipline sera maintenue «jusqu'à ce que soit atteint le maximum pour l'utilisation du programme RAP», indique notre conseillère.

Le Régime d'accès à la propriété autorise en effet chaque contribuable à retirer un maximum de 20 000$ pour la constitution d'une mise de fonds en vue de l'achat d'une première résidence principale. Ensemble, Catherine et Yannick réuniraient ainsi 40 000$.

Les sommes déjà accumulées dans le compte d'épargne peuvent elles aussi faire l'objet d'une dérivation vers le REER. Des 12 400$ actuellement détenus, le couple pourrait conserver les 3000$ réservés au voyage de l'été 2008 et verser les 9400$ restants en parts égales dans le REER de chacun. «Cette cotisation au REER entraînera un remboursement d'impôt d'environ 3000$ pour les deux, indique Lison Chèvrefils. On divise cette somme à nouveau, soit 1500$ qu'on met dans chaque REER, etc.»

Catherine devrait atteindre son objectif de 20 000$ après environ deux ans, et Yannick un an plus tard, puisqu'ils n'avaient pas le même solde de départ dans leur REER.

Lorsque son plafond de 20 000$ pour le RAP sera atteint, le conjoint titulaire du REER redirigera une partie du versement mensuel vers le compte d'épargne.

Il s'agira alors de profiter du CELI, le compte d'épargne libre d'impôt, qui entrera en vigueur en janvier 2009. Chaque contribuable pourra y verser 5000$ par année. «Ces sous seront complètement à l'abri de l'impôt autant en période de capitalisation que lors des retraits, observe la planificatrice. Le CELI complétera très bien le RAP en évitant l'impôt sur les revenus, ce qui finalement augmente le rendement réel des placements.»

Une fois la mise de fonds réunie, les conjoints pourront perpétuer ce que Lison Chèvrefils appelle leur «réflexe d'épargne», en continuant ensuite à verser à leur REER les 220$ que le ménage y consacre présentement. La préparation de la retraite reprendra plus intensément quand le goulot d'étranglement budgétaire, typique des premières années d'une jeune famille, sera franchi.

Quelle propriété?

Quelle propriété le budget du couple lui permettra-t-il de viser?

Catherine et Yannick aimeraient demeurer dans leur quartier. La teneur de son parc immobilier impose l'achat d'un duplex. Pour les besoins de son évaluation, Lison Chèvrefils fixe un prix d'achat de 400 000$, qui maintiendrait la mise de fonds de 40 000$ au seuil des 10%. La prime de l'assurance prêt hypothécaire serait ainsi limitée à 2% de l'hypothèque, pour un emprunt total de 367 200$. Avec un taux d'intérêt de 5,5% et un amortissement de 25 ans, la mensualité s'établirait à 2241$. En soustrayant un loyer potentiel de 800$, le couple aurait à débourser 1441$ chaque mois... avant taxes foncières, assurances, entretien, remboursement du RAP et autres désagréments.

À titre de comparaison, dans les mois précédant l'achat, le couple aurait consenti pour son logement un effort budgétaire de 1666$, soit un loyer de 916$ plus les 750$ employé à l'accumulation de la mise de fonds.

C'est serré.

Lison Chèvrefils entrevoit deux solutions: épargner davantage ou demander une aide financière aux parents. Elle n'évoque pas cette avenue sans raison. Catherine a confié que ses parents et ceux de Yannick ont avancé l'idée d'un soutien financier, «sûrement à des conditions avantageuses», dit-elle en riant.

Le bonheur, après tout, puise souvent dans des relations familiales harmonieuses.

LA SITUATION

Deux jeunes parents de 29 ans veulent à la fois accumuler une mise de fonds pour une maison et épargner pour un voyage annuel en France, d'où Yannick est originaire.

«Il faudra impérativement souscrire une assurance hypothécaire pour couvrir le prêt complet en cas de décès d'un des parents.» Lison Chèvrefils

LES CHIFFRES

Catherine et Yannick, tous deux 29 ans

Revenu familial: 65 000 $.

Épargnes communes: 12 400 $

REER de Catherine: 9500 $

REER de Yannick: 4000 $

Épargne mensuelle: 800 $

Cotisations mensuelles aux REER: 220 $

LA SUGGESTION

En versant une partie de leurs économies actuelles dans leurs REER et en y ajoutant l'épargne mensuelle qu'ils réalisent, Catherine et Yannick pourront bénéficier de remboursements d'impôt et de rendements à l'abri du fisc. Grâce au RAP, ils constitueront ainsi une mise de fonds de 40 000 $.