À croire les chiffres sur les permis de bâtir publiés hier par Statistique Canada, l'immobilier se porte encore très bien au Québec, qui mène le bal au Canada. Mais à y regarder de plus près, les signes d'un ralentissement du marché sont évidents.

À croire les chiffres sur les permis de bâtir publiés hier par Statistique Canada, l'immobilier se porte encore très bien au Québec, qui mène le bal au Canada. Mais à y regarder de plus près, les signes d'un ralentissement du marché sont évidents.

«L'essoufflement qu'on annonce déjà depuis un certain temps est là», résume Benoît Durocher, économiste chez Desjardins.

Hier, Statistique Canada a fait savoir que la valeur des permis de bâtir a augmenté de 1,8% en juillet au pays. L'augmentation est de 13,2% au Québec, ce qui place la province en tête de peloton, avec la Saskatchewan et le Manitoba.

Ces chiffres doivent toutefois être manipulés avec précaution, selon l'économiste de Desjardins. «Les données sur les permis de bâtir sont très très volatiles, explique-t-il, et on ne peut pas en tirer de conclusion.»

D'un mois à l'autre, les chiffres jouent au yoyo. Ainsi, avant d'augmenter de 1,8% en juillet, les permis de bâtir avaient baissé de 5,3% en juin, rappelle Benoit Durocher.

En regardant l'évolution de ces données sur une période d'an an, il est toutefois possible d'observer que la tendance est à la baisse dans les permis de bâtir du secteur résidentiel alors que, dans le non-résidentiel, la hausse se poursuit, quoiqu'à un rythme moins effréné.

Au Canada, depuis un an, les permis de bâtir résidentiels sont en baisse de 5,7%, précise l'économiste. Mais au Québec, ils sont toujours en hausse de 32,3%.

Les permis de bâtir sont des intentions de construire qui ne se concrétisent pas toujours. L'économiste de Desjardins estime que les données sur les mises en chantier sont plus révélatrices de l'état du marché immobilier, et surtout moins volatiles que les permis de bâtir.

Statistique Canada publie aujourd'hui les chiffres sur les mises en chantier au mois d'août. Les observateurs s'attendent à un rebond, après la baisse observée en juillet et en août.

Selon Benoît Durocher, la baisse observée cet été s'explique par les pluies abondantes qui ont arrosé les deux plus importantes provinces canadiennes, l'Ontario et le Québec, et qui ont forcé le report de certains projets.

Mais même si les mises en chantier ont rebondi en août -ce qu'on saura aujourd'hui-, la tendance à plus long terme est à la baisse. «Au cours des trois derniers mois, les mises en chantier ont baissé dans toutes les provinces, à l'exception de la Saskatchewan et du Manitoba.»

Les perspectives du secteur immobilier au Canada ne sont pas réjouissantes, estime Benoît Durocher, mais ce n'est rien de comparable à la crise qui secoue le marché américain. C'est simplement la fin du cycle haussier du marché immobilier entamé au début des années 2000.