Déjà très embêtée par la crise du papier commercial, la Banque Nationale (T.NA) pourrait devoir inscrire une autre perte spéciale d'importance à ses prochains résultats trimestriels.

Déjà très embêtée par la crise du papier commercial, la Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] pourrait devoir inscrire une autre perte spéciale d'importance à ses prochains résultats trimestriels.

Cette autre radiation d'actifs financiers dépréciés pourrait approcher les 300 millions de dollars, de l'avis d'analystes qui ont la Nationale à l'oeil, ainsi que les autres banques canadiennes touchées par la crise du papier commercial.

Si elle s'avère, une telle perte additionnelle à la Banque Nationale augmenterait à plus de 800 millions la somme de ses radiations d'actifs liées à la crise du PCAA (papier commercial adossé à des actifs).

Spéculation ou réalisme financier? Rappelons que le Comité spécial de restructuration du PCAA, dirigé par l'avocat d'affaires Purdy Crawford, prévoit mener ses travaux à terme bientôt.

Dans l'immédiat, en Bourse, ces avis d'analystes ont pesé lourd sur la valeur de la principale banque québécoise.

Son action a reculé mardi de 2,8%, à 48,52$, à la Bourse de Toronto. C'était à contre-courant de l'indice de marché S&P/TSX, en hausse de 2,3%, et de l'indice sectoriel des services financiers, qui a gagné 1,2%.

La crise du PCAA non bancaire qui perdure depuis le mois d'août dernier a gelé pour 32 milliards de titres au Canada. La Banque Nationale était l'une des principales détentrices de ce papier commercial, à hauteur de 2,3 milliards.

En décembre, la banque avait déclaré une perte spéciale de 575 millions pour ce PCAA vicié, qu'elle a inscrit aux résultats de son quatrième trimestre de 2007.

Pareille somme équivalait à une dépréciation de 25% du PCAA détenu par la Nationale. Mais de l'avis d'analystes, ça risque maintenant d'être insuffisant en regard de la détérioration du marché des titres de crédit.

La dépréciation requise s'annonce désormais entre 35 et 40%, estime notamment André-Philippe Hardy, analyste des services financiers chez Marchés des capitaux RBC, à Toronto.

Il appuie cette estimation sur la plus récente analyse de marché du PCAA par la firme new-yorkaise JP Morgan.

Selon ce relevé, le type de papier commercial non bancaire qui compte pour la moitié environ du lot de 32 milliards était récemment déprécié de 70% par rapport à sa valeur nominale.

Par conséquent, selon M. Hardy, de RBC, le taux de dépréciation auquel serait confrontée la Nationale avoisinerait maintenant les 38%, soit 13 points de plus qu'auparavant.

«Nous tenons compte désormais d'une autre charge spéciale de 300 millions dans nos prévisions financières et boursières concernant la Banque Nationale», écrit l'analyste de RBC dans son plus récent avis à ses clients-investisseurs.

Mais au siège social de la Nationale, mardi, on tenait à pondérer les évaluations de JP Morgan et de l'analyste de RBC.

«La valeur établie par JP Morgan a été calculée alors que les marchés étaient à leur plus bas (au début de mars). Cette valeur relative serait substantiellement différente si elle était calculée aujourd'hui», selon Marie-Claude Lavigne, porte-parole de la banque.

«La Banque Nationale a évalué de façon conservatrice sa détention de PCAA. Elle procédera de nouveau à une évaluation comptable de ce qu'elle détient lors des prochains résultats trimestriels.»

N'empêche, la haute direction de la banque pourrait commenter de nouveau dès aujourd'hui (mercredi).

Ricardo Pascoe, coprésident et chef de la direction de sa principale filiale boursière, la Financière Banque Nationale, est attendu à une conférence de services financiers qui a lieu à Montréal, avec les présidents des plus grandes banques canadiennes.

Écho du côté de Wall Street

Entre-temps, les appréhensions d'analystes envers la Banque Nationale à propos du PCAA ont trouvé aussi écho du côté de Wall Street.

Chez Citigroup Global Markets, l'analyste qui surveille les banques canadiennes, Shannon Cowherd, a rabaissé ses cibles financières et boursières à propos de la Nationale.

«Ces évaluations reflètent le risque de la Nationale avec la crise du PCAA canadien, dans le contexte aussi d'une détérioration des marchés financiers», résume l'analyste.

Mme Cowherd a réduit de 3% ses attentes de bénéfice par action pour les trois prochains trimestres de la Nationale.

Elle a aussi ramené de 57 à 52 $ le prix cible pour son action d'ici un an, ce qui correspond à une baisse de 9%.