Prudence, prudence, prudence. La flambée des prix du pétrole et du gaz continue de sourire aux titres du secteur énergétique sur les marchés. Mais pour combien de temps encore?

Prudence, prudence, prudence. La flambée des prix du pétrole et du gaz continue de sourire aux titres du secteur énergétique sur les marchés. Mais pour combien de temps encore?

Plusieurs lecteurs du Soleil se demandent d'ailleurs s'ils devraient acheter ces temps-ci des titres d'entreprises pétrolières et gazières canadiennes, question de profiter de la manne.

«Attention», répond l'analyste Vincent Paquet, d'ING Investment Management. «Car tout ce qui monte rapidement a tendance à redescendre tout aussi vite.»

L'analyste fait toutefois remarquer qu'il est un peu tard, comme on dit, pour entrer dans la danse. «Acheter ces jours-ci de ces titres serait un risque», prévient-il en rappelant l'adage des courtiers avertis : sell in May and go away.

Il faut savoir que depuis janvier, les titres de sociétés de pétrole et de gaz sont en feu. Les spéculateurs réunis autour des caisses de retraite, des fonds d'investissement et des courtiers des grandes banques s'en sont donné à coeur joie. À Toronto, l'indice boursier du secteur énergétique a bondi de 25 %.

Des titres comme EnCana (ECA), Canadian Natural Resources (CNQ) et OPTI Canada (OPC) notamment ont grimpé de près de 40 % depuis le 31 décembre. Cette tendance suit de près le prix du baril de pétrole, dont le cours s'est apprécié de 30 % durant cette même période.

Hier, le prix du baril de pétrole de type West Texas a terminé la journée à 124,31 $US. Il y a six mois, le même baril se vendait près des 92 $US. À pareille date l'an dernier, le baril de West Texas valait 67,48 $US à la Bourse Nymex de New York.

Dans le secteur gazier, les hausses sont plus spectaculaires. Depuis janvier, le titre de la gazière albertaine Duvernay (DDV) a doublé, passant de 30 $ à près de 60 $. Idem pour le titre de Crew Energy (CR), dont la valeur s'est appréciée de 135 % depuis le début de 2008.

Les entreprises québécoises d'exploration gazière profitent également de la manne. Par exemple, le titre de Junex (JNX) a connu depuis le 1er avril une impressionnante poussée de 1200 %, passant de 50 ¢ à près de 6,50 $ (hier).

Junex a des ententes de partenariat avec l'américaine Forest Oil sur près de 60 000 hectares de propriétés au Québec. Forest Oil dit avoir trouvé des réserves de gaz naturel d'environ quatre trillions de pieds cubes (TCF). En valeur marchande, quatre TCF valent plus de 48 milliards $US.

Encore là, ces hausses spectaculaires des gazières suivent de près l'ascension des prix du gaz naturel sur les marchés. À la fin décembre, 1000 pieds cubes de gaz naturel se vendaient 7,48 $US à la Bourse de New York. Hier, pour la même quantité, on devait allonger 12,25 $US.

Ce qui fait dire à plusieurs analystes que les prix du pétrole et du gaz devraient rester «fermes» au cours des mois d'été.

Une analyse de l'évolution des cours pétroliers depuis 2002 démontre d'ailleurs une progression soutenue des prix du pétrole en été. Les coupables? Les automobilistes en vacances qui créent une forte pression sur les producteurs, qui n'ont d'autres choix que de produire à pleine capacité.

Morale de cette histoire? Si vous n'avez pas encore de titres énergétiques dans votre portefeuille, il est préférable de rester sur les lignes de côté, le temps d'y voir plus clair, concède l'analyste Vincent Paquet.

Car déjà, le prix du baril de pétrole a commencé à se refroidir. Depuis son sommet atteint il y a deux semaines, à 135 $US, il n'a cessé de se replier. Hier, il a terminé la séance en baisse de 3,45 $US.