Avis au maire Gilles Vaillancourt, de Laval. Si jamais le Grand Prix F1 du Canada vous intéresse, sachez que le promoteur Normand Legault cherche un endroit de rechange au cas où l'administration du maire Gérald Tremblay déciderait de revenir à la charge avec son projet de lui faire payer la facture des policiers mobilisés pendant le week-end de l'événement et de lui imposer la perception d'une nouvelle taxe d'amusement sur le prix des billets.

Avis au maire Gilles Vaillancourt, de Laval. Si jamais le Grand Prix F1 du Canada vous intéresse, sachez que le promoteur Normand Legault cherche un endroit de rechange au cas où l'administration du maire Gérald Tremblay déciderait de revenir à la charge avec son projet de lui faire payer la facture des policiers mobilisés pendant le week-end de l'événement et de lui imposer la perception d'une nouvelle taxe d'amusement sur le prix des billets.

Ces nouvelles surcharges, soit la taxe d'amusement et la facture des services policiers, avaient été proposées l'été dernier par le vice-président du comité exécutif et responsable de la sécurité, Claude Dauphin. Elles devaient faire l'objet du projet de loi 22 sur la Ville de Montréal. Recherchant des nouvelles sources de financement, M. Dauphin alléguait que les contribuables de la ville ne devraient plus payer les coûts des effectifs supplémentaires de policiers mobilisés pour le Grand Prix et des autres événements organisés par des groupes à but lucratif, comme le Canadien de Montréal, les Alouettes, etc.

Bernard Larin, le porte-parole du comité exécutif de la Ville, a affirmé à La Presse Affaires que l'administration du maire Gérald Tremblay avait décidé de renoncer à ces nouvelles surcharges. Rien ne garantit toutefois que la Ville ne reviendra pas à la charge plus tard!

Le contrat de location du circuit Gilles-Villeneuve de l'île Notre-Dame arrive à échéance dans trois ans, l'année du renouvellement de la licence du Grand Prix de Montréal avec le cirque de la F1 de Bernie Ecclestone.

À la lumière de l'entrevue qu'il m'a accordée, Normand Legault semble en avoir ras le bol de la façon dont la Ville de Montréal le traite. Après 30 ans de mariage avec Montréal, Normand Legault se sent comme «une vieille épouse que la Ville tient pour acquise», dit-il.

«J'ai dit au maire: dites-nous le si on dérange. On dirait que l'entreprise privée n'est plus la bienvenue à Montréal. C'est un péché d'être à but lucratif. Il m'a répondu: non, non!»

«Regardez. Un Français débarque ici. Il dit: je veux venir organiser le championnat du monde de bolo. La Ville va lui dérouler le tapis rouge. Puis on va lui promettre des subventions. N'importe quel étranger qui débarque ici avec un projet quelconque, la Ville lui déroule le tapis rouge. Nous on est là depuis 30 ans. On demande juste de ne pas nous écoeurer.»

«Moi, mon contrat finit dans trois ans. Je vais aller voir Gilles Vaillancourt à Laval pour voir si ça ne l'intéresserait pas, lui, d'avoir le Grand Prix F1 à Laval. Tu vas voir qu'il va sauter dessus, lui. Il va me demander: mais qu'est-ce que ça prend?»

Le Grand Prix du Canada fête cette année le trentième anniversaire de sa célèbre course sur le circuit Gilles-Villeneuve. Non seulement est-il le plus glamour des événements sportifs et culturels à se tenir annuellement au Canada mais, en plus, c'est le plus payant quant aux retombées économiques de toute l'industrie touristique canadienne.

Comme il attire à Montréal des dizaines de milliers d'amateurs étrangers, le Grand Prix F1 génère annuellement des vraies retombées économiques de l'ordre de 75 millions de dollars.

Et c'est bien entendu l'industrie touristique montréalaise qui, bon an mal an, en profite le plus alors que les grands hôtels et les chic restaurants se remplissent les goussets à gros prix!

Que dire maintenant de la vitrine internationale qui est offerte à la Ville de Montréal chaque week-end de Grand Prix alors que la course de l'île Notre-Dame est l'une des plus médiatisée au monde: 50 millions de téléspectateurs, une diffusion à heure de grande écoute en Europe, des milliers d'articles dans les quotidiens de par le monde, etc.

Qu'à cela ne tienne, l'administration du maire Tremblay se plaint. Legault s'est fait dire, l'été dernier: «Le Grand Prix, ça ne rapporte rien à la ville». L'argument évoqué par les dirigeants de la Ville: «Oui! le Grand Prix génère de grandes retombées économiques, mais ce n'est pas elle qui empoche les recettes fiscales que l'événement rapporte au chapitre de la TPS, de la TVQ et des impôts perçus sur les revenus de l'industrie touristique. Ce sont Québec et Ottawa.»

«Au Canada, nous, on a une valeur importante. Fairness, s'il vous plaît. On veut juste que tout soit fair pour notre clientèle», indique Legault.

«L'autre point que j'ai avancé au maire (Tremblay), je lui ai dit que je verse pour mes deux courses (Grand Prix et NASCAR) environ 800 000$ de loyer pour louer l'île. Je suis le seul sucker qui paye 400 000$ par fin de semaine pour louer ça. La STM (Société de transport de Montréal) fait à peu près 500 000$ de revenu avec nous autres. Tourisme Montréal fait à peu près 1,5 million de dollars avec nous. C'est plein de monde qui fait de l'argent avec nous.»

Si on faisait des événements juste en fonction de ce que ça rapporte à la Ville de Montréal, explique Normand Legault, Jean Drapeau n'aurait jamais fait l'Expo 67, et encore moins les Jeux olympiques de 1976.

Et en ce qui concerne l'argument de la Ville voulant que les commerçants brassent des grosses affaires qui ne lui rapportent rien en TPS et TVQ, il leur répond: «Non, mais ça les aide à payer leurs taxes municipales.»

Cela dit, le Grand Prix F1 du Canada tiendra le week-end prochain (du 6 au 8 juin) sa 30e course sur le circuit Gilles-Villeneuve.

Le Grand Prix du Canada c'est l'affaire d'une petite PME, GPF1, propriété de Normand Legault. De 1978 à 1980, il vendait des commandites et posait lui-même des bannières autour du circuit.

En 1981, à l'âge de 25 ans, il devenait directeur général du Grand Prix. Et en 1996, il en devenait propriétaire: «J'ai fait comme le gars des rasoirs Remington. J'aimais tellement la compagnie que je l'ai achetée.»

Chiffre d'affaires annuel de GPF1: près de 40 millions. Nombre d'employés: 22 à temps plein, 50 à temps partiel pendant les mois de mai et juin, 5000 temporaires durant le week-end de l'événement.

À cela s'ajoutent, les 800 bénévoles (signaleurs, etc.) chargés de surveiller le bon déroulement des qualifications et de la course.Le cirque de la Formule 1, avec ses 10 écuries et 18 Grands Prix, génère annuellement des revenus de 4 milliards de dollars.