Les temps demeurent difficiles pour les banques canadiennes, qui annonceront en rafales, à compter de demain, des résultats en net repli pour le troisième trimestre de leur exercice.

Les temps demeurent difficiles pour les banques canadiennes, qui annonceront en rafales, à compter de demain, des résultats en net repli pour le troisième trimestre de leur exercice.

Économie au ralenti, hausse des provisions pour mauvais prêts, atrophie des marchés d'investissement et autres pertes liées à la crise du crédit. Voilà autant de facteurs qui annoncent des bénéfices en baisse de plusieurs points de pourcentage pour le troisième trimestre consécutif.

Ce pourrait même être le pire recul de profit trimestriel en six ans par rapport à la même période un an plus tôt, s'attendent des analystes. «Le troisième trimestre 2008 des banques canadiennes (clos le 31 juillet) s'annonce encore très difficile pour leur rentabilité», résume Michael Goldberg, analyste à Valeurs mobilières Desjardins, à Toronto.

Les pertes extraordinaires

En contrepartie, le pire pourrait être passé en ce qui concerne les pertes liées à la crise du crédit, qui frôlent les 10 milliards de dollars depuis l'an dernier parmi les banques canadiennes.

À deux exceptions près, toutefois.

La Banque CIBC [[|ticker sym='T.CM'|]], déjà la plus touchée par la crise du crédit, pourrait déclarer mercredi une perte additionnelle d'environ 1,3 milliard provoquée par d'autres dépréciations d'actifs financiers.

Si elle s'avère, une telle somme gonflerait à huit milliards le coût de la crise du crédit à la CIBC, selon une compilation de l'analyste Mario Mendonca, spécialiste des banques à Genuity Capital, à Toronto.

Par ailleurs, la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]] pourrait aussi annoncer dans ses résultats, jeudi, une perte additionnelle d'environ 900 millions liée à la dépréciation d'actifs financiers aux États-Unis.

La plus grande banque au Canada confirmerait ainsi sa deuxième place parmi ses consoeurs les plus touchées par la crise du crédit, avec des pertes frôlant les 2,5 milliards.

Mais en dépit de ces chiffres troublants à court terme, soulignent les analystes, les banques canadiennes demeurent en bien meilleure posture que les américaines.

La crise du crédit a déjà coûté au moins 250 milliards de dollars en pertes extraordinaires de dépréciation d'actifs parmi les banques américaines.

Ponction énorme

Ces pertes constituent aussi une ponction énorme au capital des banques, au point d'en mettre plusieurs en péril dans certains États américains.

Au Canada, le capital des principales banques demeure peu affecté par les pertes liées à la crise du crédit, soulignent les analystes.

Par conséquent, au-delà de leurs soucis immédiats de rendement dans une économie au ralenti, les banques canadiennes se retrouvent en position avantageuse pour «magasiner» dans le secteur bancaire américain.

D'autant que la valeur boursière des banques aux États-Unis a dégringolé de 42% en moyenne depuis un an, souligne Darko Mihelic, analyste bancaire à Marchés mondiaux CIBC, dans un rapport préliminaire publié la semaine dernière.

Acquisitions ciblées

Les banques canadiennes ont réalisé pour 10 milliards d'acquisitions ciblées au sud de la frontière depuis un an.

Et ça devrait continuer au cours des prochains trimestres, particulièrement de la part des banques de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]] et Royale, qui ont déjà plusieurs filiales aux États-Unis, note l'analyste Mihelic.

Il estime que ces deux banques ont les capitaux disponibles requis pour réaliser jusqu'à 20 milliards en acquisitions additionnelles, sans recourir à des manoeuvres extraordinaires de financement.

Enfin, pour les investisseurs boursiers, l'occasion serait belle de profiter de la dévaluation des actions de banques canadiennes pour refaire le plein de ces titres à dividendes avantageux.

«Ces actions sont devenues irrésistibles autant pour leur rendement en dividende, leur multiple cours-bénéfice et leur important potentiel d'appréciation», note l'analyste Kevin Choquette, spécialiste des banques à Capitaux Scotia.