Le géant russe Gazprom signera cette semaine une «lettre d'intention» avec Rabaska pour la fourniture de gaz naturel. L'annonce officielle en sera faite d'ici quelques jours.

Le géant russe Gazprom signera cette semaine une «lettre d'intention» avec Rabaska pour la fourniture de gaz naturel. L'annonce officielle en sera faite d'ici quelques jours.

Un «contrat final» d'approvisionnement devrait suivre dans quelques mois, prévoit Alexander Medvedev, vice-président de Gazprom.

«Il y a de très bonnes chances d'en arriver à une entente finale avec Rabaska», a-t-il affirmé hier après-midi lors d'un entretien avec Le Soleil.

Gazprom analyse actuellement une douzaine de projets de terminaux méthaniers en Amérique du Nord.

«Nous avons choisi Rabaska parce que c'est un des meilleurs à plusieurs points de vue», dit-il.

Ce qui le distingue? Sa «localisation» et la "possibilité d'un système de pipelines pour la distribution", dit-il. Il fallait aussi s'entendre sur des «conditions», On comprend qu'il s'agissait de conditions économiques.

M. Medvedev dit avoir été informé du débat à Québec sur le projet de terminal méthanier, ce qui manifestement n'a pas été pour lui un obstacle.

Quant au projet de Gros-Cacouna, Gazprom dit continuer à le «considérer», mais il y a encore plusieurs questions en suspens, dit-il. Il n'est pas exclu que Gazprom puisse servir les deux projets.

Si Gazprom finit par s'entendre avec Rabaska, le dernier obstacle au démarrage du projet de terminal méthanier à Lévis sera levé.

Au cours des derniers mois, le bruit avait couru que Gazprom ne pourrait pas fournir le gaz nécessaire.

Selon M. Medvedev, il n'y a jamais eu de doute sur la capacité de Gazprom à fournir du gaz; le débat portait sur les conditions de cet approvisionnement.

Faudra-t-il compter Rabaska parmi les retombées économiques du Championnat mondial de hockey? Ou parmi les dommages collatéraux, penseront les opposants au projet. Le temps nous le dira.

Il est cependant clair qu'Alexander Medvedev ne serait pas venu à Québec n'eut été du Championnat. Cela n'aurait peut-être rien changé au cours des choses pour Rabaska, mais on peut penser que sa venue a accéléré les discussions.

Officiellement, M. Medvedev est en «vacances» à Québec, dit-il. Pour peu que le mot veuille encore dire quelque chose pour lui.

Il est venu encourager l'équipe russe et jouer pour une équipe de old timers et d'ex-vedettes du hockey à l'occasion d'un match-bénéfice amical qui aura lieu jeudi soir au Colisée.

Il a d'ailleurs passé l'après-midi d'hier au Colisée, assis à côté de Valery Kamensky, l'ex-vedette des Nordiques.

Blouson de cuir brun, lunettes accrochées au bout du nez, il gesticule pendant que les Russes tendent d'endiguer la remontée des Suisses.

«Une bonne préparation pour le match de quart de finale», analyse-t-il, avec le sourire de celui qui prépare un mauvais coup.

Personne ne peut imaginer à le voir aujourd'hui, anonyme dans la foule de Québec, que cet homme ne sort plus en Russie sans sa garde rapprochée. On comprend pourquoi.

Gazprom pourrait devenir d'ici 10 ans la plus grande entreprise au monde pour la capitalisation en Bourse. Elle est actuellement troisième derrière Exxon Mobil et PetroChina.

L'entreprise possède 17 % des réserves de gaz connues sur la planète et exploite le plus long réseau de pipelines au monde (157 000 km). Elle a des intérêts dans des banques, l'assurance, les médias, la construction et l'agriculture.

Alexander Medvedev tire aussi les ficelles d'une nouvelle ligue de hockey européenne qui pourrait un jour faire concurrence à la Ligue nationale en attirant des vedettes comme l'avait fait à l'époque l'AMH. Un joueur économique «crucial», perçoit Marcel Aubut, qui le connaît peu, mais qui est intrigué par le personnage.

Et comme s'il fallait d'autres preuves du poids politique et économique de Gazprom, rappelons que son ancien président, Dimitri Medvedev (pas de parenté avec Alexander), vient d'être porté à la présidence de la Russie, succédant à Vladimir Poutine.

Comme tous les petits garçons de Russie, Alexander Medvedev est passionné par le hockey. À 52 ans, il patrouille encore à l'aile gauche pour son équipe de old timers et aime «jouer dur», confie-t-il.

Sa principale force : le «repli». Un beau paradoxe pour cet homme dont l'entreprise semble ne jamais regarder en arrière.

Medvedev dit mener ses affaires comme il joue au hockey. La similitude des deux mondes lui semble évidente : compétition, créativité, intelligence, improvisation, besoin de jouer dur parfois, explique-t-il.

Au hockey comme en affaires, «pas besoin de CV» pour évaluer l'homme qui est devant vous, tranche-t-il. De toute façon, le sien est déjà partout dans Internet. Pour ce qui est de la performance sur glace, on verra jeudi.